De l'utilité à la futilité, couverture et équidés
Accessoire de mode ou de confort, illusion ou protection, néfaste ou indispensable... la couverture déchire et divise le monde équin. Qui aurait cru d'un bout de tissu déchaîne autant de passions ?
Car en terme de couverture, comme en société, il y a des usages auquel il est bon de se conformer. On ne peut pas être de ceux qui ont un avis partagé, ce sera avec ou sans couverture que notre cheval devra se présenter.
Laissons un instant ces vaines querelles et voyons d'un peu plus près l'objet de cette agitation qui n'est autre que l'équidé. Car ce serait se tromper de cible que d'étudier la couverture. Certes, elle n'est pas neutre dans cette affaire, mais elle restera secondaire.
Ce qui offusque certains et donne le sourire aux autres, ce n'est pas tant la couverture que ce qu'elle sous-entend. En effet, la première raison donnée pour mettre une couverture est de remplacer le poil de l'équidé.
Ce poil est le reflet d'une partie des divergences d'opinions. Il peut être tondu, limité volontairement dans son développement ou manquant. Reflet de l'utilisation de l'équidé ou de la compétition, la couverture est alors à un poil de générer une guerre de tranchées.
Et pourtant, il est assez logique que dénuant volontairement le cheval de sa protection contre le froid, on lui en remette une. La discussion pourrait alors sereinement se diriger sur l'importance de l'adéquation entre le besoin et la protection fournie : une couverture qui donnerait trop chaud ou pas assez étant préjudiciable.
Le propriétaire devra donc adapter aussi finement et rapidement que possible la couverture aux besoins de l'équidé. Ce qui suppose que le propriétaire est à même de déterminer les besoins exacts de son équidé, chose délicate s'il en est, et qu'il sera en mesure de rectifier rapidement ses positions.
Le problème sera d'ailleurs identique si un équidé, suite à une dermite ou un soucis métabolique par exemple, se retrouvait dépourvu du poil nécessaire.
La question se compliquera pour les équidés ayant été, par le passé, victime d'un système pileux déficient. Le propriétaire aura la délicate mission d'évaluer les avantages de la couverture comparé aux problèmes qu'elle pourrait engendrer en ralentissant la pousse du poil ou en écrasant celui-ci contre le corps du cheval.
Le port de couverture ne se limite pas à cette problématique pilaire. Car la couverture, aussi innocente soit-elle, amènera tôt ou tard la conversation sur un sujet autrement plus sensible : les conditions de vie du cheval.
Il existe en effet peu de moyens aussi efficaces pour relancer le débat « box ou pré ». Et pourtant, cette couverture n'en demandait pas tant.
La couverture apporte une protection contre le froid, elle met donc en relief une absence ou une insuffisance des capacités d'autorégulation thermique du cheval. Or cette autorégulation fait appel à la piloérection, aux frissons, à l'alimentation et au mouvement.
Un équidé limité dans ses mouvements par des murs, des barrières trop proches, une douleur ou un sol de mauvaise qualité ne pourra se réchauffer par le mouvement et sera donc plus sensible au froid.
De même, un équidé mal alimenté suite à des apports insuffisants, des problèmes de préhension ou à une mauvaise assimilation, aura des difficultés à lutter contre le froid
Le port de couverture, dans ces conditions, apportera alors une protection non négligeable. Une protection qu'il faudra néanmoins adapter avec autant de dextérité que de célérité aux besoins du moment. Elle ne remplacera d'ailleurs pas l'abri qu'il soit naturel ou artificiel.
Le débat sur la couverture s'arrête souvent là. Les deux camps remportent alors leurs armes en se glorifiant de leurs éventuels nouveaux adhérents ou en pleurant sur le sort des chevaux.
Néanmoins, il existe d'autres cas où le port d'une couverture pourrait être discuté.
Un premier cas est celui du poulain. Nouveau-né ou prématuré, il ne maîtrise pas forcément sa température interne. L'ajout d'une couverture pourrait alors se justifier au pré ou au box pour aider celui-ci à passer les premiers instants de sa vie sans encombre.
Un autre cas est celui du cheval souffrant d'arthrose au niveau des vertèbres. La couverture se fera alors légère pour ne pas compromettre les capacités pilaires mais apporter une protection en évitant le refroidissement des zones douloureuses. Un refroidissement qu'on évitera également par le port d'une couverture au retour du travail chez les chevaux en bonne santé, la raison étant alors plus musculaire qu'articulaire.
La couverture pourra aussi avoir sa place pour les chevaux souffrant d'allergies liée aux insectes. Elle se fera alors légère et se portera davantage en été.
La couverture imperméable pose question dans la gestion de certaines affections cutanées liées à l'humidité. Bénéfique pour certains cas, elle pourra augmenter le phénomène en retenant la transpiration ou en augmentant les frottements.
Enfin, la couverture est aussi un accessoire « médical » qui pourra aider les chevaux malades à se prémunir du froid ou à s'isoler du sol.
En conclusion, si le débat vous aura convaincu de l'importance ou de la futilité de la couverture, il aura été vain s'il n'a pas mis en lumière la multiplicité des cas et des solutions existantes. Chaque cas nécessite que le propriétaire s'y intéresse et qu'il l'étudie pour décider au final, s'il est souhaitable de couvrir et si c'est le cas, avec quelle couverture.