Mise à la reproduction de la jeune jument de sport

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Oméga

On constate que de plus en plus souvent les propriétaires ou les éleveurs font faire un premier poulain à des jeunes juments de sport avant leur carrière sportive. Ces jeunes poulinières ont des besoins spécifiques différents de leurs consœurs adultes. Le rationnement devra en tenir compte.

Dans le cas de la mise à la reproduction, la jeune jument aura non seulement les besoins alimentaires de toute poulinière mais aussi ceux découlant de la fin de sa croissance qu’elle doit assurer.

Comparons les besoins nutritionnels d’une poulinière adulte (en bleu) par rapport à une jeune poulinière (en rouge) exprimés en multiple des besoins d’entretien. Le besoin en énergie au pic de lactation est multiplié par 2 pour une adulte et par 2,5 fois pour une jeune. Pour les besoins en protéines, on n’a pas une différence énorme car à ce stade de la croissance les grosses masses sont faites et c’est la production laitière qui fait le gros des dépenses.

Par contre, les besoins en calcium et surtout en phosphore explosent puisqu’on a deux « productions » qui sont exigeantes sur ces éléments : le lait et la croissance. Déjà les besoins multipliés par 2,5 à 2,9 pour la lactation sont parfois difficiles à couvrir mais lorsqu’on ajoute la croissance, on obtient des besoins à 3,4 et 3,8 fois l’entretien ce qui est proprement vertigineux.

Comparaison des besoins nutritionnels d'une jeune poulinière et d'une adulte. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

Comparaison des besoins nutritionnels d'une jeune poulinière et d'une adulte. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

Soyons réalistes, à ces niveaux là, il est illusoire de penser qu’on va réussir à couvrir sans jamais avoir un petit déficit. Les réserves osseuses sont là qui vont permettre de faire le tampon. On va donc tirer un peu dessus au pic de lactation pendant quelques mois pour, si le rationnement est bien fait, commencer à les reconstituer à partir du 4ème mois de lactation. Mais autant dire que c’est chaud.

Alors avec une jument en croissance, dont les réserves osseuses sont forcément plus limitées qu’une adulte et dont les besoins sont nettement plus importants, c’est encore plus chaud.

D’autant que si on oublie le facteur croissance, on sous-cote les apports d’environ 1 fois le besoin d’entretien. Autrement dit, vous avez un prélèvement massif de calcium et de phosphore sur des os en croissance, qui ne pourra pas être compensé avant au moins le tarissement dans le meilleur des cas.

Le risque est donc une déminéralisation de la jeune poulinière qui aura des répercutions à long terme sur la santé osseuse et donc la prédisposeront à des problèmes au moment de la mise au travail ultérieure.

En outre, comme la phase de croissance en largeur n’est pas finie à cet âge, il y a un risque que la jeune jument la court-circuite et finisse d’ossifier son squelette ce qui a un impact négatif sur la largeur du poitrail et partant la capacité pulmonaire donc la récupération à l’effort. La largeur des hanches peut aussi être limitée ce qui pourrait conduire à des difficultés de poulinage lors de gestations ultérieures.

Dans un prochain article, nous ferons une comparaison entre l’impact nutritionnel de la mise au travail et celui de la mise à la reproduction pour la jeune jument.

Catherine Kaeffer

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