Le sauvetage d’un cheval : une opération à haut risque
Que l’on fasse partie d’une association ou qu’on soit un particulier au grand cœur, il arrive aujourd’hui de plus en plus fréquemment qu’on se retrouve à tenter le sauvetage d’un cheval en mauvais état. Techniques d'élevage fait le point.
La décision doit souvent se prendre vite, sans pouvoir avoir recours à un examen vétérinaire complet, ni à des analyses ou des radios et encore moins à une période d’essai comme on le fait classiquement pour un cheval en bonne santé.
Quand on sait que même avec ces précautions, l’achat d’un cheval représente un risque, que dire de l’achat d’un animal en mauvais état qui se fait en quelques minutes, sous la pression et sans recul.
Je parle « d’achat » mais dans ce type de situation, la somme d’argent en jeu est totalement secondaire. Ce qui compte pour un tel cheval, c’est l’engagement moral vis-à-vis de lui et de soi-même à faire tout ce qu’il est possible – et parfois plus – pour le tirer de là. Cet engagement moral profond aura des conséquences en termes financiers car les soins et la nourriture nécessaires pour remonter le cheval n’ont rien à voir avec ceux d’un cheval « normal », en termes de disponibilité mais aussi et je dirais surtout, il est primordial que la personne aidante ne soit pas détruite au cas où cela n’évoluerait pas de façon satisfaisante.
Pour éviter que des rêves brisés soient une source de culpabilité et de mal-être pour la personne, il est important qu’elle ait, dès le départ, une vision la plus claire possible du niveau de risque qu’elle peut accepter, pour ne pas se retrouver dans une situation humainement difficile voire ingérable quelques semaines ou mois plus tard.
Quelques remarques préalables :
Sa personnalité et son comportement :
Le comportement du cheval le jour de la rencontre n’est généralement pas un comportement « normal » pour l’animal. Il n’est donc pas significatif et on doit toujours considérer qu’il se modifiera profondément au fur et à mesure que l’amélioration de son état de santé le permettra.
Ainsi, un cheval apparemment calme peut être tout simplement à bout de forces. Il n’exprime plus grand chose mais dans sa tête les souvenirs, les convictions sont là. Une fois remis, il peut s’avérer reconnaissant mais tout aussi bien peureux (car il a conservé le souvenir de toutes ses peurs passées) voire inapprochable (car il a assimilé humain et dangereux psychopathe).
A l’inverse, un cheval qui a encore la force pour s’enfuir peut, une fois qu’il a compris que vous ne lui voulez que du bien, être d’une patience d’ange pour supporter les soins nécessaires.
Il n’est pas possible de réécrire le film de sa vie, vous ne pouvez que continuer le scénario dans une autre direction… le problème, c’est que vous ne savez pas ce qu’il lui est réellement arrivé et donc vous pouvez sur un geste anodin, avoir une réaction totalement inattendue.
Son passé :
Il ne faut pas s’attendre à avoir une idée précise du passé du cheval, ce qu’il a vécu, ce qu’il sait, pourquoi il en est arrivé là. Bien sûr, il faut poser le plus de questions possibles et écouter les réponses jusqu’au bout. Il est souvent difficile de ne pas réagir mais moins vous exprimerez de jugement, plus vous en apprendrez et cela peut vous aider dans votre sauvetage.
N’attendez cependant pas du précédent propriétaire une analyse subtile de la situation. C’est déjà merveilleux si vous avez un compte rendu honnête. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. Tel cheval dont on vous dit qu’il est monté a eu une fois une selle sur le dos et évidemment, HS comme il était, il n’a pas réagit plus que cela.
La question de fond est comment le cheval en est-il arrivé à un stade où votre intervention est nécessaire ? Son état pitoyable d’aujourd’hui dure-t-il depuis des années ou est-il plus récent ?
Son état de santé actuel :
Sous cette question, une autre : pourquoi le propriétaire vous le cède-t-il ? Est-ce qu’il y est contraint par une décision de justice ? Est-ce que c’est suite à un événement familial ? un accident ?
De façon générale, les arguments type « je n’ai plus le temps de m’en occuper », « je n’ai pas assez de place », sont souvent des prétextes destinés à cacher autre chose. En effet, le propriétaire qui a trop de chevaux, continue à les soigner et à les alimenter normalement et recherche un acquéreur pour certains d’entre eux à qui il cède alors des chevaux en bon état. C’est donc une vente ou une donation classique et non un sauvetage.
Cet autre chose peut aussi être une pathologie grave qui est en train d’apparaître. Le propriétaire trouve alors un bon prétexte pour se débarrasser du cheval avant les frais vétérinaires voire d’euthanasie ou d’équarrissage probables. Évidemment, dans ce cas, il ne va pas vous le dire !
Comme vous ne pouvez pas trop compter sur la fiabilité des réponses que vous obtiendrez de son précédent propriétaire, il va vous falloir estimer rapidement le risque que vous prenez.
Nous avons donc imaginé un score de « Risque potentiel » pour un animal.
C’est un système rapide basé sur ce que vous pouvez voir d’un simple coup d’œil et sans connaissance particulière, qui permet de se faire une idée du risque que vous prenez en misant sur votre capacité à retaper le cheval et si vous avez les épaules assez larges pour vous en charger ou bien s’il est plus raisonnable de faire appel à une association ou à une structure avec plus de moyens pour le faire.
Le tableau d’estimation et son utilisation feront l’objet d’un prochain article.
Catherine Kaeffer
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MAJ juillet 2023