La place de la friandise

Publié le par Anne Anta. Editions Alpha et Omega

La place que nous donnons à la friandise dans nos relations avec les animaux n’est pas anodine. Récompense du travail accompli, aide aux nouveaux apprentissages, donnée en fin de travail, de façon régulière ou occasionnelle... la friandise brille autant par son absence que par sa présence, tant elle est révélatrice de notre conception des choses.

Pour certains, c'est la récompense incontournable, pour d'autres, son utilisation est génératrice de comportements inappropriés : morsure, bousculade...

Une différence qui ne tient pas tant à la friandise qu'à la façon dont elle est donnée et à l'animal qui la reçoit.

Pour comprendre la signification de la friandise, il faut remonter à son usage premier. La friandise était donnée afin de motiver l'animal à répéter un comportement souhaité. Elle n'avait donc pas qu'un but instructif et devait motiver fortement l'animal.

Une motivation si forte que l'animal souhaiterait l'avoir « à tout prix »... y compris par la ruse ou la force. Ce n'est que grâce à la crainte inspirée par la colère de l'humain et la certitude d'obtenir la friandise que l'animal pouvait patienter. En contrepartie, la friandise se faisait systématique.

Le besoin de rendre la récompense moins visible a poussé la friandise à être remplacée. Elle n'était donc plus utilisée que pour l'apprentissage et les exercices jugés difficiles. Le reste des exercices était banalisé et considéré comme du « quotidien ». Des actes que l'on pouvait donc récompenser de façon plus succincte, voire que l'on ne récompensait plus du tout.

La friandise étant manipulée par tous, son sens en a été oublié et la friandise est devenue un plaisir.

Détachée de l'acte, la friandise se donne en fin de travail voire en dehors de tout travail « juste pour lui faire plaisir ».

La friandise est donnée dans un contexte changeant et rapidement, seule l'excitation demeure. Une excitation renforcée par la « récompense » qui pousse au développement de comportements inappropriés. Dans ce contexte, le plaisir pour l'animal est bien présent.

Mais lorsque la friandise est donnée en grande quantité, la récompense laisse place à l'alimentation et le plaisir s'amoindrit pour l'animal. Le quotidien renforce la perte d'intérêt et bien que l'humain continue parfois à apprécier le don, l'animal n'y voit plus qu'un geste « normal ».

Ces définitions de la friandise dans la pratique quotidienne sont le reflet de différentes mentalités. L'animal qui travaille et mérite un salaire, a laissé la place à l'animal de « spectacle » puis à l'animal dont la compagnie suffit à nous satisfaire et dont le plaisir est communicatif. Il existe toujours de nos jours ces trois visions de l'animal et autant de visions de la friandise.

Il convient de prendre garde dans cette évolution à ne pas perdre le point de vue de l'animal et à garder le plaisir intact en toute circonstances.

Anne Anta

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MAJ Septembre 2021

Cheval en box et main. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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