Le rôle du lest dans l’alimentation du cheval ou du poney

Depuis quelques dizaines d’années, les fibres nous sont présentées comme un constituant de l’alimentation indispensable à notre santé. De l’humain à l’équin, il n’y a qu’un pas, rapidement franchi par les publicitaires de tout poil. De ce fait, très souvent sur les forums on voit des propriétaires choisir tel aliment complémentaire pour leurs chevaux « parce qu’il est riche en fibres » et qu’il apporte assez de lest. Mais est-ce toujours justifié ? 

Ce qu’on appelle le « lest » ou les « fibres » apparaît sur l’étiquette de votre aliment ou sur l’analyse de votre foin sous le nom de « cellulose brute » (CB). Sous ce nom unique se cachent des composés fort différents provenant des tissus de soutien des plantes.

Contrairement à l’amidon des céréales qui est digéré dans l’intestin grêle, les fibres vont résister aux attaques enzymatiques et parvenir jusqu’au gros intestin. Or, le cheval abrite dans son cæcum des bactéries capables de les digérer en partie. Sans ces bactéries qui possèdent des enzymes suffisamment puissantes pour dégrader la cellulose, le cheval ne pourrait pas se nourrir d’herbe. Le cæcum du cheval est donc un peu l’équivalent de la panse de la vache. Une fraction importante des fibres ne sera tout de même pas digérée et parviendra intacte dans les crottins. Cependant elles jouent un rôle important dans la bonne digestion.

Les types de fibres

On peut distinguer deux groupes de fibres :

• Les fibres solubles augmentent la viscosité du contenu digestif. Ce sont les substances pectiques (pulpes de betteraves), les gommes et mucilages (graines de lin) et une partie des hémicelluloses (grains, tourteaux). Ces substances peuvent se gonfler d’eau, former des gels et donc faciliter et régulariser le transit. Elles ont donc une influence sur la satiété, la vitesse de digestion, les régulations métaboliques (glycémie, lipémie…). Cette hydroscopie est à l’origine du risque de coliques gastriques avec les pulpes de betteraves distribuées sèches mais aussi de l’effet d’un mash sur un cheval au transit ralenti par des excréments trop secs. Revers de la médaille, elles sont tendance à fermenter et donc à exagérer les flatulences.
   
• Les fibres insolubles augmentent la motricité par leur effet de volume. Mais elles ont à l’inverse un effet négatif sur la digestibilité de la ration alimentaire et ce d’autant plus qu’elles proviennent de fourrages plus âgés ou qu’elles sont recouvertes de cires (pailles).

Du lest pour occuper le cheval

Le premier rôle des fibres est d’occuper et de tranquilliser le cheval qui est un animal anxieux et génétiquement programmé pour manger de nombreux petits repas sur de nombreuses heures dans la journée. Le temps de mastication minima estimé aux environs de 5 heures par jour est indispensable à son équilibre. On préconise donc l’apport minima de 5 kg de fourrage sec ou l’équivalent. En outre, l’étalement de l’ingestion sur l’ensemble de la journée et une bonne insalivation sont une bonne précaution contre les coliques et les ulcères gastriques.

Du lest pour régulariser le transit digestif

Les fibres indigestibles parcourent l’ensemble de l’intestin et par leur volume, elles stimulent le péristaltisme c’est-à-dire les mouvements musculaires de l’intestin qui poussent le contenu digestif. Il est important que la progression soit continue pour éviter les stases qui peuvent provoquer des inflammations, des douleurs (coliques), des développements microbiens intempestifs (dysmicrobismes) amenant à des auto-intoxications ou à des fourbures. Cette masse qui progresse a en outre un effet de balayage.

Catherine Kaeffer

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