Différents types de croissance chez le poulain
La croissance chez le poulain peut se faire à différentes vitesses en fonction de son format adulte mais aussi de vos choix stratégiques et de votre façon de l’alimenter. Il existe différents types de croissances correspondant à différentes courbes. Certaines sont physiologiques et permettent d’obtenir un adulte en pleine forme. D’autres sont délétères et obèrent l’avenir du poulain.
Les croissances « normales »
- La croissance optimale
La croissance optimale d’un poulain se traduit par le fait qu’une fois « installé sur sa courbe de croissance », il continue à la suivre, hiver comme été. Il n’a pas de baisse de sa vitesse de croissance en hiver pour une reprise à l’herbe. Il grandit de façon régulière jusqu’à son poids adulte. Il n’est pas « poussé » ou « forcé », il suit ce que son patrimoine génétique lui dicte.
Cela veut dire que forcément, en hiver, il faudra que l’apport alimentaire soit le même qu’en été. Donc, sur un poulain de 2 ans, cela signifie qu’il devra recevoir un bon foin à volonté et un aliment adapté.
Avec cette stratégie, la majeure partie de la croissance est faite à 3 ans et le jeune cheval est suffisamment fort pour faire des efforts ou bien de la reproduction sans risques pour lui.
- La croissance modérée
Il s’agit d’une stratégie dont le but est de limiter le coût de l’alimentation du poulain et notamment le recours aux fourrages conservés en hiver. Dans ce cas, on limite l’apport de fourrage conservé et on a une croissance compensatrice à l’herbe.
Évidemment, cela signifie que l’herbe doit être présente en abondance pendant toute la belle saison. Donc cela ne se conçoit que si vous avez à la fois la surface et le climat qui vous le permet. Sinon, c’est une solution qui non seulement sera plus coûteuse que la croissance optimale (à l’inverse du but recherché) mais qui supposera une croissance compensatrice au foin toujours délicate même si elle est possible. En cas de manque d’herbe, il est préférable de choisir une stratégie de croissance optimale.
Cela signifie aussi que vous ne pourrez pas vous permettre, même sur un poulain déjà un peu grand, de ne pas complémenter l’été. Alors qu’en croissance optimale, l’herbe peut assurer la grande majorité des apports, en croissance compensatrice, elle doit être complétée pour y arriver puisque vos besoins seront plus importants du fait que vous devez compenser le manque de croissance hivernale.
En hiver, vous pouvez avec cette stratégie vous permettre de diminuer l’apport énergétique de 20 % au plus. Par contre, vous devrez dans tous les cas couvrir les besoins en protéines, vitamines et minéraux. La croissance de votre poulain sera ralentie mais sans conséquences sur le long terme si la belle saison lui apporte l’herbe (sans oublier votre petit coup de pouce) nécessaire.
Une des conséquences sera que la croissance sera prolongée dans le temps et donc pas question de demander des efforts importants ou une mise en reproduction à 3 ans. Il faudra dans tous les cas une bonne année de plus pour arriver au même développement qu’en croissance optimale.
Les croissances à éviter
- La croissance maximale
C’est le type de croissance qu’on recherche sur un animal de boucherie. Il doit prendre de la masse le plus vite possible. Cela donne un beau poulain, rond, mais dont l’ossature n’est pas solide. Il est relativement gras.
On peut facilement l’obtenir sans le vouloir par méconnaissance des besoins nutritionnels des poulains. En effet, si vous apportez à un poulain une nourriture trop « adulte » autrement dit dont le rapport protéines / énergie est relativement bas, le manque de protéines limitera la croissance des os, des tendons et autres tissus maigres pendant que l’excès relatif d’énergie sera stocké sous forme de graisse. On obtient un poulain rond, plaisant à l’œil mais qui risque des problèmes de santé, osseux mais aussi plus généraux à court, moyen et long terme.
Pour cette raison, sur un poulain, il convient d’utiliser des aliments conçus pour lui ou de faire une ration « maison » conforme aux préconisations et il vaut toujours mieux avoir un rapport protidoénergétique un peu haut qu’un peu bas.
- Les croissances arrêtées ou différées
Un poulain est capable de ralentir voire d’arrêter sa croissance si les conditions ne sont pas remplies. Des erreurs nutritionnelles majeures, des pathologies importantes peuvent en être la cause. Cette situation est toujours délicate et laissera des séquelles dans l’organisme si elle se prolonge au-delà de quelques mois d’autant plus qu’elle sera intervenue jeune et qu’elle aura été importante.
C’est le cas du poulain que l’on récupère en très mauvais état. On va pouvoir le remonter mais il faut avoir conscience qu’à terme, il paiera ce début de vie chaotique notamment, il développera les problèmes de l’âge beaucoup plus jeune que les autres. On voit actuellement des chevaux incapables de travailler et mis à la retraite à 15-16 ans. Sauf accident de la vie, cela provient souvent de conditions inappropriées dans le jeune âge voire même in utero.
L’idée actuellement répandue de nourrir des poulains de 6 mois sevrés uniquement à l’herbe et au foin, à un âge où naturellement, ils auraient encore entre 10 et 15 litres du bon lait de maman par jour entraîne des croissances arrêtées ou différées. Bien sûr elles vont se rattraper avec l’âge et généralement à 5-6 ans, on ne constate plus de différences avec un poulain qui a grandi normalement. Mais si la « construction » de l’organisme n’a pas été faite correctement, les risques de pathologie précoces sont plus probables.
Catherine Kaeffer
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