Le ray-grass est-il dangereux pour nos chevaux ?

Publié le par François Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Parmi les informations qui circulent dans le monde de l’alimentation équestre, nous avons celle selon laquelle le ray-grass serait toxique pour les chevaux. Techniques d’élevage a mené l’enquête.

L’origine de cette rumeur est l’intoxication de chevaux par le ray-grass anglais et la fétuque par un champignon connu sous le nom latin : Neotyphodium lolii. Ce fonge colonise la plante vivante et produit 2 toxines : l’ergovaline et la lolitrem B, lesquelles engendrent une intoxication sous forme de tremblements.

En effet, il n’est pas inconnu des cas de troubles moteurs liés à l’herbe connus sous le nom de « Mal de l’herbe » dans les pays anglo-saxons… mais la raison de ce trouble demeure assez obscure même s’il est suspecté quelques agents pathogènes :

  • Clostridium botulinum type C ou D ;
  • Clostridium perfringens ;
  • Mycotoxines.

Les symptômes sont tremblements, dysphagie, obstruction de l’intestin, ptosis (chute de la paupière supérieure, résultant d'un déficit du muscle releveur), tachycardie (accélération du cœur), salivation… Nous avons donc un impact sur les neurones moteurs très net. Le fonge Neotyphodium lolii rentre tout à fait dans ce cadre.

Maintenant reprenons les bases théoriques du fourrage incriminé dans les cas observés : il était constitué à environ 75 % de graminées sur la base du ray-grass anglais, de dactyle ou de fétuque associée à une ou plusieurs légumineuses. Le risque est donc, a priori, important puisque c’est la base de l’alimentation des chevaux… et pourtant, les données chez les chevaux sont très fragmentaires et l’élément premier de cette intoxication est la chute du taux de prolactine (PRL) dans le sang. Il faut arriver à des doses véritablement fortes pour avoir une intoxication visible.

Même s’il semble inutile de s’inquiéter outre-mesure et surtout de chercher à éliminer le ray-grass anglais de l’alimentation équine, il existe deux cas où il faut garder ce risque en tête :

  1. La jument en lactation puisque la prolactine entraîne la sécrétion de lait et cela peut freiner quelque peu la croissance du poulain même si cela n’a pas été prouvé. Faire une mesure de la prolactinémie en cas de doute peut s’avérer bénéfique pour la jument et le poulain et voir le problème au plus tôt possible.
     
  2. En cas d’une symptomatologie évocatrice et seulement après avoir éliminé toutes causes liées au stockage (humidité, rats…), à l’eau ou au(x) produit(s) annexe(s), le mieux est de changer l’approvisionnement en foin pendant quelques jours et voir si cela modifie l’état de santé et si c’est le cas, il faut alors éliminer tout le foin et l’herbe en faute.

François Kaeffer

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Herbe. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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