Minéraux chélatés dans un CMV : avantage tangible ou argument commercial ? Etude d'un exemple
Le fait que les minéraux soient sous forme chélatée est souvent présenté comme un argument indéniable prouvant qu'un complément minéral vitaminé est de qualité. Mais quelle est la part du réel et de l'argumentaire commercial ? Techniques d'élevage fait le point à partir d'un exemple.
Je ne reviendrai pas sur le principe de la chélation déjà abordé dans un autre article. Je voudrais juste aujourd’hui essayer de faire la part des choses sur l’utilisation des minéraux chélatés et l’intérêt fondamental qu’il y a à décortiquer une étiquette afin de savoir réellement ce que vous avez dans le produit.
Je prends pour exemple un CMV dont l’étiquette indique (entre autres) :
- Cuivre : 500 mg / kg dont 15 mg chélatés
- Zinc : 2000 mg/kg dont 100 mg chélatés
- Apport conseillé pour un cheval : 120 g/j
Clairement, lorsque le fabricant en mettant en avant les spécificités de son produit indique « chélates de cuivre et de zinc », c’est tout à fait exact.
Mais le pourcentage de minéral chélaté est – dans ce cas précis – assez faible :
- 15 mg chélatés sur 500 mg apportés : le cuivre chélaté représente donc 3 % du cuivre total du CMV
- 100 mg chélatés sur 2000 mg apportés : le zinc chélaté représente donc 5 % du zinc total du CMV
Moi, j’ai mon cheval, à qui j’apporte conformément aux préconisations du fabricant, 120 g de CMV par jour. Je lui apporte donc :
- 60 mg de cuivre dont 58,2 mg sous forme minérale et 1,8 mg sous forme chélatée
- 240 mg de zinc dont 228 mg sous forme minérale et 12 mg sous forme chélatée
Si on suppose la ration correctement équilibrée au niveau des besoins (sans marge de sécurité, ce qui n’est pas recommandé d’ailleurs), pour un cheval de 500 kg à l’entretien, la part de l’apport sous forme chélatée (en jaune) par rapport à ce qui est apporté par l’alimentation de base (fourrage + aliment) (en vert) et via le CMV sous forme non chélatée (en bleu) est très faible et nettement inférieure aux marges de sécurité qu’il convient de prendre pour ce type de calcul.
Part du cuivre et du zinc chélatés dans la couverture des besoins. Techniques d'élevage(R). Tous droits réservés
Autre point : on connaît très mal les taux d’absorption des oligo-éléments chez le cheval. Mais si on suppose que la forme inorganique est absorbée à seulement 25 % (ce qui est très pessimiste à mon sens) et que la forme chélatée est absorbée à 100 % (ce qui là est forcément très optimiste), le « plus » d’apport à l’intérieur de l’organisme sera de :
- Cuivre : 1,8 mg absorbé à 100 % au lieu de 25 % s’il était apporté sous forme inorganique, cela fait un « plus » de 1,35 mg de cuivre à comparer aux besoins (85 mg). La fraction chélatée représente donc 1,6 % des besoins
- Zinc : 12 mg absorbé à 100 % au lieu de 25 % s’il était apporté sous forme inorganique, cela fait un « plus » de 9 mg à comparer aux besoins (485 mg). La fraction chélatée représente donc que 0,28 % des besoins.
En outre, il faut se rappeler que les expériences qui ont permis de caractériser les besoins des chevaux ont été menées à une époque où le chélatage des minéraux n’était pas pratiqué. Ils ont donc été établis sur la base de minéraux non chélatés.
Et tout ceci sans tenir compte du fait que l’absorption d’un minéral se fait toujours sous forme ionique. Donc il faut séparer l’ion de la molécule sur laquelle il est chélaté d’une part et que d’autre part, on a aussi des variations dans l’absorption en fonction du sel choisi.
Conclusion :
Le chélatage des oligo-éléments peut être considéré comme un « plus » à condition que la part des oligo-éléments chélatés soit notable. Si elle est symbolique, alors cela relève plus de l’argument marketing et cela n’aura pas d’incidence réelle sur la qualité de l’alimentation.
Catherine Kaeffer
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Découvrez le guide Les aliments sources naturelles de minéraux
et le poster Les minéraux chez les équidés : métabolisme, excès, carences…
ainsi que Les aliments pour chevaux. Les juger, les choisir
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MAJ janvier 2025