Energie : brute, nette, digestible, métabolisable… ?
Quand on parle d’apports ou de dépenses énergétiques, quel que soit l’animal, il faut reconnaître que c’est souvent la bouteille à encre… on n’y voit rien.
Alors un point sur l’utilisation de l’énergie par un animal ou par un homme (ou une femme parce que, je ne sais pas pourquoi, ce sont plutôt les femmes qui suivent des régimes…).
Petite remarque préliminaire : un aliment contient toujours de l’eau, même s’il paraît sec. Une céréale par exemple en contient aux alentours de 15 %. Un foin, 5 à 10 %. Ce qui fait que lorsque vous donnez 1 kg de céréales à un animal, vous lui donnez 150 grammes d’eau et 850 grammes " utiles ".
L’énergie brute d’un aliment correspond à l’énergie qu’il dégagerait si on le brûlait. C’est donc la quantité totale d’énergie qu’il renferme.
Mais lors de la digestion, la totalité de cette énergie ne pourra pas être extraite. Une partie se retrouvera dans les déjections de l’animal. La preuve, autrefois, les bouses de vaches étaient utilisées pour le chauffage. Donc il restait bien de l’énergie brute dedans.
L’énergie digestible correspond à la différence entre l’énergie ingérée (énergie brute) et l’énergie qu’on retrouve dans les excréments.
Energie digestible = Energie ingérée – Energie excrétée
Dans l’énergie digestible, c’est-à-dire celle qu’on ne retrouve pas dans les excréments, une partie ne va pas servir à l’animal mais est évacuée autrement. C’est le cas de l’énergie utilisée dans les fermentations (par exemple dans le rumen chez les ruminants ou cæcum chez le cheval). De l’énergie est aussi évacuée sous forme de méthane ou d’urine.
On appelle énergie métabolisable, celle qui finalement reste disponible pour l’animal.
Elle peut être utilisée pour l’entretien, le travail ou la production de lait, d’œufs ou de tissus (croissance, gestation).
On parle d’énergie nette d’entretien, énergie nette de travail et énergie nette de production.
Chacune de ces utilisations d’énergie s’accompagne d’une dépense d’énergie sous forme de chaleur :
L’énergie nette d’entretien est utilisée pour remplacer les tissus, effectuer les déplacements, faire tourner la machine et… produire de la chaleur. Mettez un certain nombre de personnes dans une salle, cela chauffe !
L’énergie nette de travail est utilisée pour faire l’effort mais une part se dissipe en chaleur. cf. : le type qui fait son jogging transpire en tee-shirt alors que vous vous pelez sous votre polaire.
L’énergie nette de production est aussi en partie utilisée sous forme de chaleur, d’ailleurs le lait sort chaud du pis de la vache.
Toute la question c’est de savoir de quoi on parle :
Quand Jordan annonce sur ses céréales " Country crisp " 450 kcal, c’est l’énergie brute pour 100 grammes de produit frais (ou brut, c’est la même chose).
Vous notez que l’énergie pour les humains est encore souvent donnée en calories (qui sont en fait des kcal) alors que l’unité internationale d’énergie, obligatoire depuis pas mal de décennies, est le Joule (donc le kJ). Souvent, vous trouverez les deux : (1 cal = 4,18 J).
Les chats au régime doivent être assimilés à leur maître puisqu’ils n’ont droit qu’aux kCal.
Se traîner ainsi deux unités n’est pas forcément pratique, d’ailleurs Kellog’s en arrive à s’emmêler les pinceaux sur la boîte de " Country store " !
Quand Reverdy donne la valeur de son aliment cheval " Reverdy 100 Orge dominant " c’est en UFC (Unité Fourragère Cheval) par kilo brut. La valeur de 1 que vous lisez veut alors dire qu’un kilo de cet aliment une fois digéré, compte tenu des fermentations, des productions de méthane et d’urine, apporte autant d’énergie nette qu’un kilo d’orge.
Je ne vous donne que deux exemples mais rassurez-vous, il y a tous les cas de figure, y compris les aliments " Hami form Optima " pour hamster qui sur sa boîte vous parle de " haute valeur nutritive " mais ne vous donne aucune valeur énergétique !
Catherine Kaeffer
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