Credo équestre
Je trouve que l’enseignement de l’équitation laisse finalement assez peu de place au bon sens. On nous rebat les oreilles avec des credo qui prennent force de vérité à tel point qu’on ne les remet plus en question.
Un exemple : les aides de départ au galop.
Pendant des années, je les ai utilisées… jusqu’au jour où j’ai dû moi-même les apprendre à un jeune cheval.
Et là brusquement, je me suis posé quelques – petites – questions dérangeantes :
Comment un cheval apprend-il qu’il doit partir au galop quand on lui met les aides ?
La théorie qu’on nous enseigne est que les aides ont pour but de placer le cheval en position dissymétrique et notamment, de le traverser un peu par action de la jambe isolée. La jambe à la sangle donne alors l’impulsion et le cheval devant accélérer de travers, prend le galop pour rétablir son équilibre.
C’est bien joli tout ça mais cela suppose naturellement que le jeune cheval chasse correctement les hanches sur action de la jambe isolée, avant tout apprentissage du départ au galop.
Et accessoirement, cela suppose que le cheval accélère franchement à l’action de la jambe à la sangle (oups !)
C’est effectivement la méthode classique de dressage que vous retrouvez dans le livre du Colonel Jousseaume et dans bien d’autres.
Mais alors comment expliquer que la plupart des chevaux de club ne connaissent pas l’action de la jambe isolée. Il suffit pour s’en convaincre de voir la panique à bord dès que vous abordez le travail deux pistes… surtout avec les jeunes chevaux…
Et pourtant ces mêmes chevaux partent sans problème au galop par action des aides.
Ils sont devins !
Ou alors il faut se résoudre à considérer que nos grandes théories de cavaliers sont totalement virtuelles et que les chevaux ont simplement admis un code.
D’ailleurs, le code pour eux est généralement : recul de la jambe isolée = départ au galop et non pas comme cela devrait action de la jambe à la sangle après préparation par la jambe isolée et les actions de mains = départ au galop…
La meilleure preuve c’est qu’il suffit souvent de toucher avec un talon le flanc du cheval pour qu’il tape son départ au galop.
C’est ce qui fait que lorsqu’on enseigne à un cheval de club le travail deux pistes, il a tendance à vouloir accélérer.
Au bout d’un moment, il chasse correctement les hanches.
D’où ma deuxième question : comment le cheval fait-il alors pour différencier une jambe isolée de chasser de hanche et une jambe isolée de départ au galop.
Le contexte, le contexte vous dis-je !
La jambe isolée au moment où le moniteur dit " galop " ou dans un coin est toujours correctement interprétée (Oh ben ça c’est bizarre !)
De même, quand on fait dressage, les chevaux qui ont du métier prennent des allures placides propices au " croise-papattes ". Et les jeunes ? Ils copient sur les vieux !
Et puis il y a tous les cas où le cheval ne sait pas trop ce qu’il doit faire. Alors, il attend une confirmation en accélérant un peu pour avoir l’air de faire quelque chose et éviter le coup de cravache… Comme il a raté le mouvement, on lui demande de recommencer et donc là, il a compris et il le fait… parfois avant même que le cavalier ne le demande…
Catherine Kaeffer
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