Anges ou démons : le mors, le hackamore, le licol éthologique ou non et autres side pull
Aujourd’hui, pour un certain nombre de cavaliers, monter avec un mors, c’est martyriser le cheval. Pour être quelqu’un de bien, il faut monter en licol… ou tout du moins sans mors.
Alors, ange ou démon ?
On trouve sur le net des vidéos qui expliquent que le mors s’appuie sur les barres qui sont des structures osseuses tranchantes et que de ce fait, la gencive, tissu sensible, se trouve écrasée entre deux structures dures : le mors en métal et l’os… en os.
En outre, le mors de filet à brisure simple ainsi que les mors à passage de langue sont accusés de blesser le palais.
Je ne vais pas ici entrer dans un débat sur le type de mors, l’action de la langue, l’orientation de la force exercée, le type de monte ou l’adéquation entre tel mors et tel cheval particulier, cela nous entraînerait trop loin… une autre fois peut-être.
Mais, mettons hardiment les pieds dans le plat et agitons-les même un peu…
Le fait de retirer le mors est-il toujours un gage de douceur et de confort pour le cheval ?
Mettons de côté les tissus mous de la gencive ou de la peau qui peuvent être blessés dans l’un et l’autre cas.
Les barres sont des structures tranchantes, certes, mais solides (flèches bleues). Les cas de traumatismes des structures osseuses de la mâchoire sont heureusement assez rares. Encore est-ce souvent accidentel, le cheval s’étant pris les pieds dans les rênes.
Lorsqu’on utilise un caveçon, un licol ou un side-pull, on a le sentiment de prendre appui sur une surface large et solide et donc de répartir la force (zone rouge).
Large c’est vrai… en tous les cas plus large qu’un maxillaire, j’en conviens aisément.
Mais solide, c’est très discutable. Car si on regarde ce qui se trouve sous cette masse qui paraît de l’extérieur monobloc, on s’aperçoit qu’on prend appui sur un vrai gruyère de structures fines, fragiles, aisément déformables et cassables : cornets naseaux, sinus…
Représentation schématique des points de pression des différents harnachements sur une coupe de la tête d'un cheval.
C’est ce qui explique qu’on peut avoir des jeunes chevaux qui se retrouvent le nez tordu simplement parce qu’ils ont fait les cons en longe avec un caveçon…
En général, les structures étant plastiques, cela se remet bien.
Certains systèmes comportent des petits nœuds qui ont une action plus précise mais nettement plus dure (flèches jaunes). Outre le fait que cela concentre l’action sur une petite surface, le risque de blessure interne et externe est nettement plus important.
Le hackamore ajoute une compression qui appuie sur les sinus s’il est réglé haut et davantage sur le bout de l’os nasal s’il est réglé plus bas avec en outre dans ce cas, une gène à la respiration.
Alors ange ou démon ? La question reste posée.
De façon générale, plus l’instrument est fin, plus il est efficace… et dangereux.
Mais le choix d’un instrument large et doux n’est pas forcément la panacée. Certains chevaux ne le respectant pas en viennent à s’appuyer voire à tirer franchement… les contraintes exercées sur les structures sont alors peut-être légèrement moins fortes mais plus fréquentes voire constantes… et les dégâts peuvent être nettement plus importants et nettement plus pérennes.
En conclusion, or les engins de torture que j’abhorre (et vous aussi j’en suis sûre), aucun instrument n’est à rejeter à priori et aucun ne met son utilisateur à l’abri d’un abus vis-à-vis du cheval.
Après, tout est une question d’utilisation, de dressage, de philosophie…
Catherine KAEFFER
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