Au-delà de la peur...
L'homme, cette pouliche ne le connaissait que porteur de friandises, de granulés, de foin, elle n'avait changé qu'une fois de pré en sa compagnie et en suivant maman... jusqu'au jour où elle avait désaboté.
Ce matin-là, on l'avait retrouvée, hébétée de douleur, l'antérieur sanglant plié au maximum, l'os à nu, le sabot retenu par un lambeau de chair... et une certitude, on ne pouvait rien faire au milieu du pré.
Alors, on lui passait un licol, on lui demandait de marcher pour la première fois en main, la pouliche suivait sur trois membres, fermant les yeux, soufflant à chaque pas.
Le vétérinaire arriva. On pouvait sauver la pouliche, sauver son sabot mais il fallait faire vite.
La pouliche paniquait, la douleur était violente, elle ne connaissait pas l'écurie, ni même les outils ou les ordres qu'on lui donnait. On la bloquait fermement, s'attendant à ce qu'elle se batte jusqu'au bout dans une incompréhension totale.
Le vétérinaire désinfectait puis ré-emboitait le sabot sur l'os. La pouliche tremblait, soufflait.
Contre toute attente, la pouliche ferma les yeux et se détendit. Elle posa sa tête contre moi, je lui parlais, la caressais... elle tremblait de douleur mais ne se battait plus, elle avait compris pourquoi on faisait tout cela.
Les soins et la douleur ont duré des mois mais la pouliche ne se défendit plus jamais et même plusieurs mois après la guérison, elle donnait parfaitement les pieds sans discuter.
A bientôt,
Anne