Importance de l’heure des repas et de la satiété pour le bien-être de nos animaux
Nous avons déjà évoqué la chronobiologie et parlé de l’alternance jour/nuit comme repère pour l’organisme. Mais l’alimentation est un facteur aussi puissant que l’alternance jour-nuit.
En chrononutrition, il se dégage un principe valable pour tout mammifère : lorsque la nourriture est abondante, l'horloge centrale est prédominante et entraîne l'organisme sur l'alternance jour / nuit. Bref, dans une situation où la nourriture n’est pas un problème, votre chien dormira la nuit et vos hamsters nains russes le jour.
Mais que se passe-t-il lorsque la nourriture est rare ou lorsqu'elle est disponible pendant une période courte qui ne correspond pas à la normale ?
Les organes de la digestion se mutinent et font sécession !
En d’autres termes, alors que l’horloge générale dit qu’il est l’heure d’aller au lit, l’estomac affamé n’ayant pas d’oreille, l’animal continue à s’activer pour trouver de quoi manger.
Certains animaux sont très adaptables sur ce plan. Ainsi un cheval peut passer de 10 heures de pâturage par jour à 16 heures lorsque l’herbe est plus courte. C’est un avantage en termes de survie mais au-delà d’un certain stade cela devient pénalisant pour l’animal. Il récupère moins bien et à la fin son rythme biologique fini par être totalement perturbé entraînant notamment des difficultés d’apprentissage voire des troubles comportementaux et des pathologies.
Dans le ventre de sa mère, le fœtus est réglé par elle. Chez le jeune à terme, la naissance est un moment de rupture avec l'entraînement sur les rythmes de la mère. Il doit donc mettre en place un rythme autonome ce qui ne se fait pas sans quelques couacs au début (les jeunes parents se reconnaîtront !).
Si la naissance est prématurée, la rupture est encore plus grave car le développement n’est pas terminé. Toute la question est de savoir à quel stade de développement le prématuré en est pour le gérer au mieux et permettre une mise en place normale des rythmes notamment digestifs.
Il a même été démontré qu’une altération des rythmes circadiens chez le jeune raton provoquait des troubles du métabolisme et du comportement à l’âge adulte en affectant non pas les gènes mais la façon dont ils sont exprimés. C’est ce qu’on appelle l’empreinte nutritionnelle.
C’est un problème tellement important qu’une unité de recherche de Nantes explore le lien entre les horloges circadiennes et l’alimentation. Un brevet a même été déposé pour permettre d’étudier la maturation digestive de l’enfant né prématuré grâce aux cellules qu’il perd naturellement. Et tout cela, sans aucun risque pour l’enfant naturellement.
Ainsi, il est possible d’adapter l’alimentation de ces nouveaux-nés très fragiles à ce qu’ils peuvent réellement digérer… bon évidemment pour les animaux, on ne déploie pas de tels moyens. Il ne reste à l’éleveur qu’à se servir de son bon vieux pifomètre…
Mais cela fait rêver, non ?
Cat