L’amortisseur de dos : pour ou contre ? Éléments de réflexion

Publié le par Anne et Cat

 

En équitation, l’amortisseur de dos, depuis son apparition il y a une trentaine d’années, est devenu un incontournable. Au point, qu’on est presque taxé de tortionnaire si on n’en met pas.

 

Néanmoins, ça et là, des voix s’élèvent disant qu’ils peuvent être responsables de problèmes de dos chez certains chevaux… problèmes de dos que l’on cherche justement à éviter.

 

On pourrait bien sûr se dire qu’il n’y a aucun souci et que ce sont tout simplement des personnes qui ne connaissent rien à rien… comme on a dit que les gens qui avaient un problème avec leur limitateur de vitesse, se trompaient de pédale confondant le frein et l’accélérateur…

 

Un peu facile, vous ne trouvez pas ?

 

Alors, examinons la question :

 

Une selle, présente deux matelassures séparées par une gouttière. Les deux matelassures reposent sur les muscles du dos : le trapèze dorsal qui entoure le garrot et le grand dorsal. Plus ou moins noyées entre ces muscles, on trouve les apophyses épineuses des vertèbres. Pour utiliser une image simple, on peut imaginer le dos d’un cheval comme un collier de boules plus ou moins grosses entouré de deux boudins.

 

Matelassures et gouttière d'une selle. Points de compression sur le dos du cheval. Copyright : Anne KAEFFER 2011 Débourrage Nantes

 

Les matelassures de la selle ont pour rôle de répartir uniformément la pression sur toute la surface musculaire (les deux boudins) et la gouttière évite qu’il y ait la moindre pression sur les apophyses osseuses (les boules du collier). Vous retrouvez cette structure dans la plupart des sacs à dos de randonnée.

 

Si vous rajoutez un amortisseur, vous supprimez quasiment l’effet gouttière. Le poids va alors être réparti sur toute la surface. Si vous avez un cheval dont la colonne vertébrale est bien en creux, il a une gouttière naturelle. Mais si sa colonne vertébrale est saillante, on aura alors une compression des vertèbres, ce qui n’est pas une bonne chose.

 

L’ajout d’un amortisseur a pour effet de " rajouter une épaisseur ". Ainsi la selle se trouve environ 1 cm plus haut. Cela peut être intéressant pour libérer le garrot dans le cas d’un garrot saillant avec une selle un peu juste à ce niveau.

 

Par contre, si votre cheval a un garrot noyé, l’ajout d’un amortisseur de dos masquera le peu de creux que vous avez pour stabiliser la selle qui aura alors plus tendance à tourner… Pour compenser, vous devrez sangler à fond, d’où un risque de blessure.

 

Pour placer la selle correctement, on la pose en avant du garrot puis on la fait glisser en arrière. Cette position sera déterminée par la morphologie du cheval, mais la position finale de la selle doit correspondre au point le plus bas du dos. Les points de l’arçon doivent être situés dans le creux naturel qui se trouve juste derrière l’épaule.

 

Si vous rajoutez un amortisseur de dos, cela rend beaucoup plus délicat, voire impossible, ce mouvement. Ainsi le risque que votre selle soit mal placée, surtout si vous ne connaissez pas le cheval, n’est plus négligeable.

 

Enfin, l’avant de l’amortisseur va se retrouver de part et d’autre du garrot, augmentant ainsi sa largeur dans des proportions qui peuvent ne pas être négligeables. Il y a alors risque d’avoir artificiellement une selle trop étroite devant. Il en résultera une forte pression latérale de chaque côté du garrot, au niveau des points de l’arçon ce qui peut être douloureux. Les panneaux ne viendront pas en contact de façon uniforme. La selle aura tendance à se lever à l’avant avec pour conséquence de pousser le cavalier vers l’arrière.

 

Évidemment, pour les mêmes raisons, l’amortisseur améliorera une selle un choua large au niveau du garrot.

 

D’un autre côté, l’amortisseur limite le transfert des chocs entre le cavalier et le cheval ce qui est très intéressant notamment dans le cas d’un cheval " sec " ou d’un cavalier novice. Cela peut aussi permettre de ménager à la fois le dos du cheval et celui du cavalier.

 

Bref, vous l’avez compris, ma religion en la matière est loin d’être faite et je ne vous livre que les résultats de mon expérience. C’est donc éminemment discutable.

 

Pour résumer :

 

  • Intérêt : cheval sec ou qui " déménage ", cavalier peu expérimenté, cheval un peu léger au niveau du dos ou dos long, activité équestre avec nécessité de se rasseoir rapidement, difficultés au montoir, cheval à garrot proéminent.
  • Inutilité : cheval rond, confortable, très musclé, cheval ayant un dos large
  • Contre-indications : cheval à colonne vertébrale saillante, cheval maigre, cheval sujet aux coups de chaleur (été, exercice intense), cheval avec très peu de garrot

 

Cat

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