Les effets de l’immobilisation

Publié le par Anne et Cat

  

L’immobilisation est indispensable pour soigner de nombreux problèmes mais elle doit être réfléchie car elle n’est pas dénuée de risques…

 

De plus, immobilisation ne veut pas forcément dire bandages de contention. Une non-mobilisation pour cause de douleur peut suffire à entraîner les conséquences ci-dessous.

 

Au niveau articulaire

Une articulation c’est 2 os ou plus qui " jouent " l’un par rapport à l’autre (3 os dans le genou humain, 3 dans le coude humain, 2 au niveau des phalanges chez la plupart des animaux). Chaque os qui compose l’articulation possède une couche protectrice de cartilage (ensemble de cellules assez compact, sans irrigation sanguine et qui se renouvelle tout au long de la vie). Au niveau de l’articulation, on trouve aussi une poche qui englobe les cartilages et les extrémités des os (= poche synoviale). Dans cette poche circule un liquide extra-cellulaire appelé liquide synovial ou synovie. Il existe un équilibre entre les composants du cartilage et ceux du liquide synovial (de nature osmotique). A chaque mouvement de l’articulation, le liquide bouge sur le cartilage et nourrit celui-ci en l’imbibant.

 

Vous pourrez maintenant sans problème prévoir les conséquences d’une immobilisation de l’articulation :

 

  • Accélération des processus de dégradation du cartilage. S’il est totalement détruit, on observe une arthrose…
  • Des problèmes de ligaments qui en ne bougeant plus se raidissent et diminuent l’espace entre les 2 os.
  • Dès le 4ème jour d’immobilisation, on observe un épaississement de l’articulation puis une contracture.

 

Au niveau musculaire

Les muscles sont intimement liés aux articulations, c’est pourquoi le malaise de l’un se répercute souvent sur l’autre.

 

L’immobilisation d’un muscle est rarement possible, mais l’immobilisation d’une articulation peut entraîner des conséquences musculaires :

 

  • Contractures dues au maintien du membre dans une position fixe (de la zone plus généralement).
  • Des problèmes de développement musculaire. Le muscle se renouvelle de jour en jour en fonction de l’effort qu’on lui demande. Ainsi, un muscle peu sollicité aura tendance à régresser, au contraire, un muscle sans cesse sollicité prendra en volume et en force de contraction. Et comme dans une articulation maintenue immobile, il y a toujours un muscle en hyper extension et l’autre complètement relâché…
  • Un envahissement du muscle par du tissu conjonctif, des adhérences…
  • Un enchevêtrement anarchique des fibres musculaires. Je vous rappelle (même si je doute que cela soit un rappel) que les fibres musculaires ne sont pas disposées au hasard dans le muscle, elles suivent toutes une même direction, cette direction est donnée et rectifiée à chaque fois que le muscle passe de contracté à détendu et vice versa. C’est en fait la tension exercée par la contraction qui donne aux fibres la bonne direction.

 

Remarque : lors d’une cicatrisation, les fibres musculaires, dermiques, et tendineuses ont besoin d’une légère tension pour bien s’orienter. C’est pourquoi, on préconise toujours la mobilisation douce voire très douce des zones blessées…

 

Au niveau circulatoire

 

Diminution du nombre de vaisseaux sanguins (jusqu’à 60 % en moins). Ce qui signifie une diminution de l’apport en O2 et en nutriments aux cellules de la zone. On peut aussi observer une stase veineuse car le mouvement permet un meilleur retour veineux par écrasement des veines (comme des millions de petits cœurs qui s’actionnent quand on bouge).

 

Au niveau osseux

 

Un os n’est pas inerte. L’absence de mouvement entraîne une absence de tensions sur l’os, on a donc les mêmes problèmes qu’avec les muscles :

 

  • Atrophie ou désagrégation des os appelée ostéofibrose.
  • Déséquilibre vis-à-vis du calcium. (ce qui diminue la minéralisation et donc la solidité des os)
  • Chez le jeune, on observe un ralentissement dans la croissance.

 

La récupération peut durer 5 à 10 fois plus longtemps que l’immobilisation et être impossible dès 12 semaines d’immobilisation. Pour le cartilage, le changement est irréversible au bout de 8 semaines.

 

Au niveau du système nerveux

L’absence de stimulations entraîne une disparition de beaucoup de cellules nerveuses, d’où une perte de sensibilité et de motricité possible.

 

La mobilisation est donc indispensable au maintien de l’intégrité des fonctions. Cependant, bon nombre de pathologies ou blessures rendent impossibles des manipulations soutenues ou des efforts physiques. J’essaierais donc, si cela vous intéresse, de faire le tour avec vous des possibilités de mobilisation d’une région atteinte sans risques.

 

 

A bientôt

Anne

Publié dans Physio-pathologie

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