Toujours le même pré mais pas toujours la même herbe !

Publié le par Anne et Cat

En cette saison de mise à l’herbe, je voudrais attirer votre attention sur l’évolution des caractéristiques nutritives de l’herbe au cours de la saison. Evidemment, tous les chiffres donnés ici sont des chiffres moyens mais ils sont néanmoins riches d’enseignement.

 

Penons une herbe de prairie naturelle, 1er cycle, stade pâturage c'est-à-dire le pré derrière chez vous, le 10 mai. Elle fait 15 % de matière sèche (MS) c'est-à-dire qu’elle est constituée à 85 % d’eau.

 

Quand elle arrivera à floraison c'est-à-dire environ le 25 juin, elle sera à 81 % d’eau.

 

Si, courant de l’été, vous faites un foin de cette herbe, le foin sera à 85 % de Matière sèche soit 15 % d’eau.

 

Votre animal a donc reçu tout l’hiver une ration à 15 % d’eau étant donné que les céréales, c’est à peu près pareil que le foin. Et vous allez le mettre au pré où sa ration fera 83 % d’eau. Evidemment, pour avoir la même quantité de nutriments, il faudra qu’il mange beaucoup, mais alors beaucoup plus et donc que son système digestif augmente sa capacité. Cela ne se fait pas en un jour !

 

Continuons notre comparaison :

 

Au 10 mai, le kg d’herbe broutée apporte 0,134 UFC (Unité Fourragère Cheval soit 0,89 / kg de MS).

 

Au 25 juin, il apportera 0,108 UFC malgré le fait qu’il comporte moins d’eau. Il s’est donc notablement appauvri (0,57 / kg de MS).

 

Alors que le kg de foin qu’il mangeait cet hiver lui apportait 0,54 UFC (0,63 /kg de MS).

 

Donc pour une même quantité de carburant, il faudra environ 5 fois plus d’herbe que de foin.

 

Passons maintenant aux Matières Azotés :

 

Au 10 mai, 1 kg d’herbe broutée apporte 18 g de MADC (Matières Azotées Digestibles Cheval ; 121 g / kg de MS).

 

Au 25 juin, le même kg d’herbe apportera 7 g de MADC (47 g / kg de MS ce qui fait quand même une sacrée baisse en 5 semaines !).

 

Et le foin de cet hiver apportait : 65 g de MADC (76 g /kg de MS).

 

Un dernier chiffre tout aussi intéressant :

 

Au 10 mai, 1 kg d’herbe broutée apporte 230 g de Cellulose brute (CB)/kg de MS.

 

Au 25 juin, le même kg d’herbe apporte 329 g de CB / kg de MS.

 

Et le foin de cet hiver apportait 331 g de CB / kg de MS.

 

 

La plante au fur et à mesure de sa croissance se forge des tissus de soutien, elle se lignifie, devient moins digestible (elle passe de 73 % de digestibilité au 10 mai à 53 % au 25 juin !). L’avantage en termes nutritionnels c’est qu’elle apporte plus de fibres.

 

 

Bref, l’herbe jeune de printemps est riche en eau et en matières azotées. L’animal doit traiter un volume important pour s’en sortir.

 

 

En outre, même si cela ne se voit pas dans ces chiffres, l’énergie est davantage sous forme de sucres et non d’amidon. Evidemment, comme la plante n’a pas formé de grains, elle n’a pas encore fabriqué l’amidon qui est la forme de stockage de l’énergie nécessaire à la germination de la nouvelle plantule.

 

 

Enfin, l’herbe jeune est pauvre en fibres.

 

 

Après cela, comment s’étonner qu’il y ait des diarrhées de pâturage ! D’autant que les animaux adorent la jeune herbe et ont tendance à s’en goinfrer.

 

Donc pendant quelques semaines, pour eux aussi :

 

Savoir apprécier et consommer avec modération.

Cat

Publié dans Alimentation, Ration

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