Les évolutions des modèles des poneys et leurs conséquences
La vie, c’est le changement.
Nos chevaux, nos poneys eux aussi se sont mis au goût du jour.
Les races de poneys proviennent de régions au climat souvent rude, à la nourriture pauvre et peu abondante. Ils en ont gardé une fourrure de nounours (surtout l’hiver), une petite taille (qui demande moins de calories), un gros ventre pour une bonne utilisation des fourrages pauvres et une résistance à toute épreuve liée à des os solides et à un dos court.
D’ailleurs, il y a 30 ans, un shetland était un animal velu comme un ours à peine sorti de son hibernation, rase-moquette, qui tricotait tout ce qu’il pouvait, avec dans le ventre, une véritable usine de transformation de ce qui pouvait lui tomber sous la molaire. Il était alors parfaitement semblable à ses ancêtres qu’on utilisait dans les mines pour tirer les wagonnets : pas une affiche de mode mais limite indestructible.
Aujourd’hui, le « shet » est souvent devenu « mini » et bon nombre d’élevage de poneys quelle qu’en soit la race, se sont tournés vers des modèles plus « sport » (et non, je ne parle pas de voitures…). Bref, souvent par ajout de sang arabe ou welsh (ce qui parfois revient un peu au même), le poil est plus fin, les lignes se sont épurées, les allures se sont améliorées… en un mot comme en cent, on est passé du nounours à la gazelle.
La question n’est pas de savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Chaque situation a ses avantages et ses inconvénients.
Sauf qu’en tant que cavalier pensant, il faut s’y adapter.
On avait l’habitude de considérer qu’un poney, dès qu’il était C ou D, pouvait être monté par un adulte (et encore, ça c’est moi qui le dit, parce que des adultes sur des shet ou des poneys B, c’est courant…).
Mais aujourd’hui, on se retrouve avec de petits poneys A ou B qui sont pratiquement des arabes miniatures… alors on craque pour eux en oubliant qu’ils ne sont pas aussi porteurs que leurs cousins nounours mais qu’ils vont avoir des problèmes se rapprochant de ceux des chevaux : nécessité de muscler le dos, d’engager les postérieurs, de s’équilibrer, gène pour porter un cavalier un peu lourd…
Au risque de choquer, je dirais que faire monter un tel poney par un adulte ou un grand adolescent s'apparente au massacre. On ne peut pas demander à une danseuse étoile de faire le job de Sébastien Chabal. D’un autre côté, Sébastien Chabal en tutu, je vous laisse apprécier…
D’autant que ces animaux ont généralement du sang ce qui va nécessiter un cavalier fin et expérimenté… fin, expérimenté, petit et léger, c’est vraiment la quadrature du cercle !
Comment s’étonner après cela qu’ils développent défenses ou tares si on veut les utiliser comme on le fait d’un shetland classique ? Par contre, lorsque leur cavalier devient trop lourd, ils sont parfaits attelés, travaillés à pied ou aux longues rênes ce qui peut être aussi formateur et procurer autant de plaisir.
Sans compter que, quel que soit le modèle, petit ne veut pas dire mignon, patient et adapté aux enfants.
Ce sont des éléments à prendre en considération avant de craquer sur un animal flatteur.
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