Mon cheval tousse, que puis-je utiliser en phytothérapie ?
La phytothérapie prend de plus en plus d'importance même dans le monde équin. Elle est notamment utilisée pour traiter la toux qui fait partie des symptômes classiques et est présente dans de nombreuses pathologies.
De là, les problèmes suivants : quelle est l'origine de la toux ? L'arrêt de la toux est-elle intéressante ou délétère ? Et quelles sont les plantes utilisables et pourquoi ?
Commençons par les origines des différents types de toux :
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les toux sèches (sans production de mucus) : produites par une irritation physique (poussières, lors de la déglutition des aliments), chimique (substance acide, monoxyde d'azote, vapeur...), virale (certains virus) ou parasitaire (pour certains dont ceux se plaçant au niveau de l’œsophage).
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les toux grasses (production de mucus) : on a le choix entre les bactéries, certains virus, certains parasites pour les agents pathogènes. Pour le reste, la surproduction de mucus peut être liée à une inflammation (allergies, l'emphysème par exemple) ou à la génétique.
Dans le cas où vous auriez des difficultés à identifier le type de toux, il suffit de coller l'oreille sur le poitrail et d'écouter s'il y a des obstacles (mucus) dans l'appareil respiratoire.
La toux est physiologique donc son arrêt doit être un risque calculé.
La toux sèche liée à des agents pathogènes doit être supprimée car elle est inutile (pas d'élimination efficace des agents pathogènes).
Par contre la toux grasse doit être conservée pour éviter un encombrement des bronches par le mucus qui nuirait à la respiration. De plus, le mucus est la substance permettant une élimination optimale par englobement des particules et microorganismes (virus, bactéries).
Beaucoup de plantes sont dites contre la toux et pourtant... quand on regarde les compositions chimiques, le choix est loin d'être simple. En effet, la plupart des plantes s'attaquent directement à la cause (essentiellement infectieuse).
Un petit listing non exhaustif des plantes médicinales :
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Toux liée à une infection :
Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-venris) : contient un tanin (acide gallique) qui a des propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques
Mélinet à petites fleurs (Cerinthus minor) : contient des tanins efficaces
Angélique sauvage (Angelica sylvestris) : efficace par la présence de tanins et produit une huile essentielle contenant l'alpha-pinène (terpène avec des propriétés antiseptiques)
Cyprès d'Italie (Cupressus sempervirens) : entre son huile essentielle et ses tanins, son action est essentiellement anti-septique et anti-exsudatif
Eucalyptus (Eucalyptus globulus) : possède bon nombre de principes actifs antiseptiques (cinéol, les pinènes et substances à action antibiotique)
Fenouil commun (Foeniculum vulgare) : contient des flavonoïdes (propriété vitaminique P : anti-exsudatif entre autres choses) et du camphène (antiseptique respiratoire)
Lavande (Lavandula angustifolia) : connue pour ses propriétés antiseptiques (tanin, limonène, alpha pinène), anti-inflammatoire et antiallergique (acide rosmarinique par inhibition du système du complément et la production du leucotriène, ce qui limite aussi les spasmes des voies respiratoires, bon pour l'asthme)
Livèche (Levisticum officinale) : contient du cinéol, du terpinéol, et des tanins
Myrte (Myrtus communis) : a des tanins et de la cinéol pour le côté antibactérien
Pin sylvestre (Pinus sylvestris) : possède alpha- et bêta-pinène et des flavonoïdes
Bourrache (Borago officinalis) :a des anthocyanosides (propriétés anti-inflammatoires et vitaminiques P), des alcaloïdes pyrrolizidiniques et des tanins
Giroflier (Syzygium aromaticum) : contient des flavonoïdes, du salicylate de méthyle (anti-inflammatoire) et des tanins (antiseptique)
Serpolet (Thymus serpullum) : est un véritable réservoir de substances anti-inflammatoires et anti-septique : l'acide rosmarinique et flavonoïdes (pour les premières) et alpha- et bêta-pinène, camphène, tanin et thymol ( pour les secondes)
Châtaignier (Castanea sativa) : donne des molécules à action antiseptique (acide gallique, tanins)
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Toux liée à une hypersécrétion d'origine inflammatoire :
Oignon (Allium cepa) : possède des bioflavonnoïdes. Ces molécules sont connues pour les propriétés vitaminiques P par inhibition de l'histidine décarboxylase (anti-exsudatif) entre autres choses...
Chou (Brassica oleracea) et Flaveria (Flaveria contrayerba) : possèdent dans leur composition la quercétine, un antioxydant puissant et inhibent en partie la réaction inflammatoire (inhibition des cytokines TNF-α, IL-1 et IL-8 essentielles pour le « recrutement » des cellules immunitaires)
Vipérine commune (Echium vulgare) : par la présence d'anthocyanosides
Chèvrefeuille (Lonicera caprifolium) : a des glucosides anti-inflammatoires
Mauve (Malva silvestris) : possède des flavonoïdes et des anthocyanosides contre l'inflammation.
Mûrier blanc et mûrier noir (Morus alba et Morus nigra) : ont de la pectine utile contre les inflammations
Phellandre (Oenanthe phellandrium) : possède de l'apiol (anti-inflammatoire et contre la fièvre)
Peuplier noir (Populus nigra) : contient la populine (anti-inflammatoire).
Sauge officinale (Salvia officinalis) : contient à la fois de l'acide rosmarinique et des flavonoïdes
Plantain (Plantago major) : c'est un anti-inflammatoire grâce à l'aucubine, aux pectines. La présence de tanin permet de limiter les sécrétions (astringent) et les infections
Pulmonaire (Pulmonaria officinalis) : contient des tanins anti-inflammatoires et astringents.
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Toux par hypersécrétion
Lichen d’Islande (Cetraria islandica) : a la lichénine, l'acide usnique et des triterpènes donc des activités antiseptiques, mucolytiques (détruit le mucus)
Lierre terrestre (Glechoma hederacea), grâce à ses molécules (marrubine, choline et flavonoïdes), cette plante a des propriétés fluidifiantes et de diminution des sécrétions bronchiques
Cet inventaire n'est pas complet mais je pense qu'il suffira pour vous donner des idées générales sur la toux et la phytothérapie possible.
François