Reprendre un cheval à problèmes : quelle méthode choisir ?
Vous avez récupéré un cheval complètement cassé et en pleine déroute, voire en pleine révolte. Vous souhaitez le redresser pour pouvoir connaître avec lui les joies d’une complicité partagée.
Comment s’y prendre ?
Vous pourrez lire dans la littérature ou sur le web moult auteurs qui développent leur théorie du dressage. Ils prêcheront tous pour leur paroisse et vous diront la main sur le cœur que leur méthode est la meilleure… remarquez que si elle ne leur convenait pas, il y a fort à parier qu’ils l’auraient modifiée en conséquence.
Mais au-delà de la technique et des conceptions, il y a la méthode du moment, celle qui est à la mode, la seule, la vraie et que toutes les autres, c’est rien que des c… Au point que soulever des objections, c’est être ringard, tortionnaire, inculte et surtout " has been " !
Or, la difficulté est que le cheval a déjà connu au moins une méthode de dressage.
Qu’elle soit mauvaise en soi ou qu’elle ait été mal employée, pour vous c’est du pareil au même.
Soit le cheval connaît tous les trucs pour tricher ou pour la contourner,
Soit elle est synonyme de peur, de douleur… bref, tout ce qu’il ne veut plus connaître.
Dans les deux cas, elle est " grillée ".
Il est donc primordial de comprendre comment votre cheval a appris ce qu’il a mal appris, pour surtout ne pas reprendre le même chemin.
Un exemple :
Un poney a été " débourré " en le faisant galoper à toute vitesse en liberté, en lui courant derrière avec la chambrière, jusqu’à ce que complètement crevé il soit sans réaction quand on monte sur son dos (méthode plus souvent employée qu’on ne veut bien l’avouer).
Si vous essayez de reprendre un tel poney en liberté, même si vous êtes la douceur personnifiée, il y a fort à parier que vous l’aurez blanc d’écume très rapidement, non pas à cause de ce que vous faîtes mais à cause de son passé.
Si vous le reprenez monté, comme il ne sera pas hors d’haleine, il est probable qu’il cherchera à vous débarquer.
Par contre, en main, il n’a connu que les transferts entre prés et écurie. Vous avez donc là une voie d’amélioration qui n’a pas été précédemment " salopée " comme aurait dit ma grand-mère.
De même, la longe ou les longues rênes lui sont totalement inconnues… il n’aura donc pas d’à priori.
Dans le même ordre d’idées, un cheval qui a été habitué à une embouchure très dure et qui a appris à tirer dessus, pourra être très léger en licol.
Évidemment, si vous avez un cheval qui est passé dans plusieurs mains, qui a connu plusieurs méthodes et qui les a rejetées, l’équation devient de plus en plus difficile à résoudre.
C’est peut-être une des raisons de l’engouement pour les " nouvelles méthodes " (je suis assez vieille pour en avoir connu déjà un certain nombre), c’est qu’elles permettent de retrouver un terrain " neuf " et donc d’avoir un cheval de nouveau à l’écoute.
Mais, même si la méthode est bonne, il y aura toujours des aficionados qui croient au Père Noël ou au petit lutin magique et qui l’appliqueront sans discernement. Et donc immanquablement 5 à 10 ans plus tard, on retrouve ces chevaux en redressage.
A ce moment-là, il sera peut-être nécessaire de ressortir du tiroir une méthode oubliée, pas forcément parce qu’elle était intrinsèquement meilleure mais parce que c’est elle qui maintenant est innovante.
A moins que face à un problème totalement imprévu, vous n’ayez à inventer votre propre méthode…
Cat