Sixième sens ou acquisition d'une connaissance ?

Il est parfois difficile de faire la part des choses entre les capacités sensorielles réelles d'un animal et ce qu'il a appris au fil du temps par l'observation de son environnement. Anecdote et réflexion de Techniques d'élevage.

Je lisais tranquillement à côté d'un champ en pente où paissait tout aussi paisiblement un troupeau de vaches. D'un coup, toutes les vaches s'agitèrent et remontèrent la pente au galop, puis elles se tassèrent en haut de la pente sous un couvert d'arbres. Quelques secondes plus tard, alors que je cherchais partout la raison de cet émoi, la pluie se mit à tomber à grosses gouttes. Le temps de mettre mon manteau, j'étais déjà trempée et la pluie cessait. Les vaches (qui étaient sèches, elles !) redescendirent la côte pour reprendre leurs activités. Je repris la mienne en serrant le manteau sur mes épaules.

Une petite demi-heure passa pendant laquelle les vaches restèrent très calmes. Puis elles remontèrent à nouveau le pré au galop et devinez quoi ? J'ai fait pareil !

Résultat, j'ai passé mon après-midi à faire comme les vaches et je suis restée sèche malgré les nombreuses averses (et non, ce n'était pas en Bretagne...).

On pourrait dire que les vaches ont un sixième sens qui leur permet de savoir quand la pluie va arriver. Mais avec ce même raisonnement, quiconque m'aurait vu remonter en courant à fond (c'est que ça galope vite une vache !) le pré sans voir les vaches aurait pu dire la même chose. L'humain a-t-il un sixième sens qui lui permet de sentir arriver la pluie ? En tout cas, ce n'est pas mon cas !

Mais supposons que les vaches aient cette capacité. Pourquoi ces vaches se déplaceraient-elles au dernier moment ? Elles préfèreraient davantage remonter tranquillement le pré au pas ou au trot et ménager ainsi leurs pis gonflés... voire elles resteraient à l'abri lorsque le délai entre deux averses est trop court. Avouez que c'est faire peu usage de ses capacités que de les solliciter aussi mal...

Prenons maintenant une autre hypothèse : les insectes volants, comme les mouches, sensibles aux courants d'air ont ressenti un bouleversement dans la force de ces courants. Ils se sont donc posés sur l'herbe, chose qu'une vache ne peut ignorer. Les vaches ont donc remonté le pré car elles savent que quand les insectes se posent, c'est qu'il va pleuvoir. Et moi, en voyant les vaches remonter le pré, j'ai pensé que si elles agissaient ainsi c'est qu'il allait pleuvoir.

On a donc tous un magnifique sixième sens qui n'est que l'acquisition d'une connaissance... Sauf pour les insectes qui de part leur taille et leur aptitudes sont très sensibles à ce genre de choses.

Une autre conclusion que l'on peut tirer de cette histoire est que rien n'est jamais idiot ou fou dans le monde animal. Il y a toujours une raison même si elle n'est pas visible dans l'instant...

Anne Anta

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MAJ janvier 2025