Parasite, qui es-tu ?
Si le parasite pouvait lire, il verrait nos livres de théorie comme des contes de fées. Présentation d'un opportuniste routinier fragile aux petites habitudes bouleversées.
Dans les livres, c'est si simple, le parasite, à chaque étape de son développement, passe d'un animal à l'autre et parfois par l'environnement. Il arrive toujours à l'âge adulte, n'a jamais d'imprévu... c'est si magique.
Un grand strongle va au bout d'une herbe à la rosée du matin. Il attend son hôte favori, un herbivore.
Mais voilà, il s'agit de votre ciboulette et si le parasite ne finit pas désintégré dans votre vinaigrette, il se retrouve dans un estomac humain puis dans un intestin humain...
Une fois de plus, on bouleverse ses habitudes ! Il passe alors son chemin, espérant que votre crotte l'amène dans un lieu plus propice.
D'autres parasites misent sur l'avenir en infestant des hôtes aux habitudes bien ancrées. La salive des mouches, des moustiques, des tiques, le corps d'une fourmi, d'un escargot sont des exemples communs.
Mais même dans ce cas, le parasite a parfois des surprises.
Une tique peut avoir dans l'idée d'attaquer un reptile, ce qui n'intéresse pas du tout les parasites sanguins qui infestent les mammifères.
Sans compter que notre petit routinier est frileux et ne supporte pas la sécheresse. Il faut donc jongler avec les caprices de dame nature.
Il peut se cacher, rester dans un hôte plus longtemps que prévu mais quand c'est l'heure, c'est l'heure. Et puis, n'ayant pas de calendrier à disposition, le parasite a parfois un peu du mal à prédire si sa sortie dans le monde extérieur sera facile ou non.
Le conte vire au cauchemar quand les humains s'en mèlent.
Le vermifuge arrive et les parasites sont paralysés, déstabilisés, décrochés du tube digestif. Ceux qui le peuvent s'échappent via les fèces, ceux qui migrent dans le corps attendent que ça passe. Si la dose est suffisante, tous fuient ou meurent de ne pouvoir continuer à se nourrir... sinon, les parasites s'adaptent en partie et réussissent à survivre en plus ou moins grand nombre.
Cette sortie imprévue expose tous les parasites à Dame Nature... ce qui augmente les pertes si les conditions ne sont pas favorables.
Le vermifuge passé, les fèces sont remplies de vers morts et vivants. Les vivants vont de suite chercher un nouvel hôte. Et le plus proche, c'est souvent le même que celui qui a été vermifugé.
Du coup, les parasites encore vivants remontent souvent à bord. Ils trouvent d'immenses places vides... des places toutes prêtes, toutes chaudes... qu'ils réoccupent tout aussi vite, avec en moins les morts et en plus les nouveaux arrivants.
Le plus beau, c'est qu'il n'y a plus de compétition pour la place, on peut s'étaler, on peut grandir !
Et voilà un animal vermifugé qui sera plus infesté avant, qu'après le vermifuge. Merveilleux, non ?
A certains moments, Dame Nature est défavorable, la sortie provoque donc la mort en masse des parasites. Parfois même, on déplace les parasites ou l'animal change de milieu... les parasites meurent donc de faim ou contaminent un autre animal.
Ces moments où Dame Nature est intraitable sont aussi des moments où les parasites ne peuvent survivre à l'extérieur et aucun nouvel arrivant ne vient occuper les places libres. L'animal est alors correctement vermifugé.
Un parasite n'a pas de calendrier, il ne raisonne et ne choisit pas. Mais si nous raisonnons, nous pourrons vermifuger moins et avoir un impact plus important sur eux.
A bientôt,
Anne