Seime et blessure du sabot : pourquoi une repousse pour l'un et pas pour l'autre ?

Publié le par Anne Cat et François


Les processus de guérison d'une seime ou d'une blessure ne sont pas du tout les mêmes pour des raisons physiologiques. De fait, le pied est complexe et contient, à la fois, des cellules vivantes et mortes.


Une seime est une fissure verticale du sabot. Elle peut partir du sol et est alors la résultante d'un problème de parage, d'équilibre du sabot ou de qualité de la corne. Si elle part du haut, elle est le reflet d'une atteinte du bourrelet principal.


Dans les deux cas, elle tend à se propager verticalement, le long des plans tubulaires car c'est la direction de moindre résistance. En effet, la paroi du sabot est en fait constituée de petits tubes verticaux accolés avec de la corne intertubulaire. En regardant de près on peut voir sur la paroi cette structure, de même que si on regarde son ongle, on distingue des petits traits qui courent de haut en bas, plus ou moins marqués selon les personnes.


C'est pour cela que face à une seime, un maréchal donne un coup de râpe horizontal pour « barrer » la seime afin qu'elle ne se propage pas plus loin.


Une seime qui part du bas et qu'on barre disparaîtra au fur et à mesure de la pousse du sabot. Une seime qui part du haut ne pourra guérir que lorsque le bourrelet aura retrouvé sa pleine fonctionnalité. Si l'atteinte est trop importante la déformation du sabot est définitive.


Seime ancienne par atteinte du bourrelet provoquant une déformation du sabot. Copyright Techniques d'élevage. Nantes

Seime ancienne par atteinte du bourrelet provoquant une déformation du sabot. Copyright Techniques d'élevage. Nantes


Mais en aucun cas, la seime en elle-même ne se cicatrisera, ne se refermera. La corne ne repoussera pas et ne viendra pas combler la fissure.


Une blessure se referme par multiplication cellulaire. En effet, une cellule va envoyer des signaux chimiques aux cellules voisines lors de sa mort. Ces signaux permettront de stimuler la formation de nouvelles cellules pour combler le manque.


Un aparté sur la nécrose : cela correspond à la libération de cadavérine, de putrécine (c'est une protéine, si, si!) et surtout à la libération de potassium (les cellules en sont très riches). Cette libération va changer l'osmolarité et détruire les cellules à proximité.


L'arrêt de la multiplication s'effectue à l'aide de ce que l'on appelle l'inhibition de contact. Elle est due à la liaison des différentes protéines inter-cellulaires (entre les cellules).


Une seime est une « fracture » du sabot et il faut attendre la repousse complète du sabot pour avoir la disparition. Rappelons que le sabot est constitué de kératinocytes, des cellules mortes contenant la kératine (une protéine de liaison très dure).


Du fait que ce sont des cellules mortes, il n'y a aucun signal d'aucune sorte donc pas de reconstruction, il faut attendre. « Patience est mère de vertu » comme on dit !


Une blessure du sabot touche les couches inférieures des tissus vivants. A partir de là, les fameux signaux chimiques entrent en action et la reconstruction commence comme pour la peau. Ce qui explique la repousse du sabot après une blessure, à la différence d'une seime.


Bonne journée.


François Kaeffer

Seime partant du bas "barrée" par le maréchal. Copyright Techniques d'élevage. Nantes

Seime partant du bas "barrée" par le maréchal. Copyright Techniques d'élevage. Nantes

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