Mener un cheval en box d’hiver : un chauffage biologique et économique

Publié le par Anne Cat et François

 

Le box d’hiver est une vielle technique pour avoir une écurie chaude même par grand froid. Elle se pratique avec un cheval sur paille.

 

Lorsque vous faites un box dit d’été, vous retirez les crottins tous les jours et vous répartissez la paille sale dessous la propre sur le dessus, vous ramenez la paille du bord sur le milieu toujours plus creux et le cas échéant, vous en rajoutez un peu. Toutes les semaines, vous faites le box à fond en retirant tout et en repaillant de frais.

 

Mener « en box d’hiver », signifie qu’au lieu de retirer la paille souillée toutes les semaines pour remettre la propre, on retire simplement les crottins tous les jours et on fait un tri pour récupérer tout le propre. On laisse le fumier (soit le mélange paille, crottin éparpillé et urine) s’accumuler en dessous et on remet la paille propre de la veille sur le dessus. On rajoute un peu de paille fraîche pour recouvrir.

 

Petit à petit, l’épaisseur augmente et il se forme en dessous un gâteau de fumier qui démarre une fermentation et qui dégage de la chaleur. Ce gâteau est très compact, de couleur brun rouille. Il est mouillé par l’urine ce qui aide aux fermentations qui n’auraient pas lieu en milieu trop sec. Les fermentations sont aérobies au départ mais anaérobies à l’intérieur du gâteau.

 

Rappelons à ce sujet que le fumier de cheval est un fumier chaud par opposition au porc par exemple. Cela veut dire que l’intérieur du tas chauffe jusqu’à 60 à 80 ° ce qui au passage détruit les parasites. Bref, si vous mettez la main à l’intérieur d’un tas de fumier bien conçu, vous êtes limite de vous brûler. C’est pour cela que vous voyez les tas de fumier fumer en hiver ou au petit matin. D’où le nom de « fumier »…

 

Le seul bémol à ce système est au niveau respiratoire car évidemment la fermentation dégage un peu de vapeurs d’ammoniac irritantes. Néanmoins bien mené, les dégagements sont limités et d’autre part, avec une écurie bien ventilée, on arrive à avoir un lit chaud pour le cheval et une atmosphère fraîche (mais non froide) et saine dessus.

 

Par contre, on n’a pas de problèmes de pieds particuliers. En effet, la galette de fumier devient très compacte, plane du fait du piétinement, et sans trous et donc le cheval ne s’enfonce pas dedans. Il est donc en contact avec une litière propre, chaude qui sera pour lui confortable lorsqu’il se couchera.

 

Le juge de paix est que le cheval ne doit pas être sale de s’être couché. Tout au plus tolère-t-on quelques taches de fumier isolées mais en tout cas pas une souillure de l’ensemble du côté. Sinon, c’est que l’on a un box sale, pas un box d’hiver !

 

Un box d’hiver n’est donc pas comme on le voit parfois, un box qu’on ne fait pas et qu’on laisse aller à vau-l’eau mettant le cheval dans des conditions d’hygiène plus que douteuses. C’est au contraire un box qu’il faut mener comme un composteur ou un fermenteur, avec rigueur.

 

Si vous êtes dans le cas d’un abri, le système n’est concevable que si l’eau ne peut rentrer et d’autre part, si le cheval n’en ramène pas trop en entrant et en sortant. Donc souvent, il est préférable, dans un grand abri, de laisser une petite zone devant sans rien et de mettre la zone box d’hiver au fond de l’abri.

 

A noter qu’on peut distribuer du foin par terre dans cette situation mais qu’il est préférable de le mettre en filet. En outre, le foin  fermente très mal. Donc si vous avez un abri où le sol est essentiellement constitué de restes de foin, il n’est pas possible de le faire évoluer en boxe d’hiver.

 

Évidemment lorsque au printemps, vous déciderez de vider le box, attendez-vous à une bonne journée d’effort car souvent la fourche a du mal à pénétrer. Bien sûr, vous sortez le cheval avant et vous aérez bien. Le mieux est de le faire au moment où vous pouvez mettre le cheval en prairie en permanence et en profiter pour après le vidage, faire un nettoyage complet à grande eau, séchage, désinfection… et vide sanitaire.

 

Le même système peut s’utiliser sur une stabulation complète… j’en ai vidé une fois une où séjournaient une trentaine de poneys et où la couche atteignait parfois le mètre… Les poneys avaient eu bien chaud tout l’hiver dans une région réputée rigoureuse… et nous avons eu bien chaud à tout vider au printemps.

 

A bientôt.

 

Catherine Kaeffer

 

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Tas de fumier qui fume en hiver. Techniques d'élevage. Nantes. Image soumise à droits d'auteur.

Tas de fumier qui fume en hiver. Techniques d'élevage. Nantes. Image soumise à droits d'auteur.

Publié dans Spéciale équidé

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