Cobalt : quelle est sa toxicité ?
Un autre oligoélément à connaître en vue d'une alimentation la plus juste possible pour un cheval donné. Et comme vous avez l'habitude, je vais vous le décrire selon les différentes étapes de son devenir dans l'organisme après un interlude sur les sources du cobalt.
On trouve le cobalt dans de nombreuses sources, naturelles (poussière en suspension dans l'air, embruns, volcans, feux de forêt et émissions par le vivant au niveau marin et continentaux) ou liées à l'activité de l'Homme (utilisation des combustibles fossiles, boues d'épuration, engrais phosphatés, transformation d'alliages et autres industries nécessitant du cobalt).
De ce fait, il est assez ubiquitaire : eau, air, sol et sédiments. Ce qui nous intéresse chez les chevaux est la quantité que l'on peut retrouver dans les plantes, principale source de cobalt.
L'absorption de cobalt dans les plantes est différente selon les espèces et la teneur du sol en cobalt accessible aux plantes.
- Les plantes à feuilles (laitue, le chou ou les épinards par exemple) ont des teneurs assez élevées en cobalt, alors que les graminées (herbe, foin, paille...) ou les céréales ont des teneurs faibles.
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Sa mobilité dépend de sa forme (complexe organique, la plus mobile, ou inorganique) et du pH du sol : un pH élevé (sol alcalin) facilite l'absorption des complexes organiques du cobalt mais un pH faible va faciliter l'absorption du cobalt inorganique.
Nous avons vu le sol et les plantes, passons à notre dévoreur herbivore.
L'absorption s'effectue par voie aérienne ou par voie orale (ingestion). La voie cutanée est une possibilité mais elle est négligeable dans le cas du cheval, peu en contact avec du cobalt susceptible de passer la barrière cutanée.
Comme nous sommes dans un contexte d'alimentation du cheval, nous allons nous borner à la voie orale. Malheureusement, cette voie est sujette à des fluctuations très importantes avec une absorption allant de 18 à 97 %. On comprend mieux pourquoi dans de nombreux compléments alimentaires, on a un taux de cobalt couvrant plus de 2 fois les besoins.
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Apports recommandés
Doses toxiques
0,15 mg/kg de matière sèche
10 mg/kg de matière sèche
La distribution, une fois passée la barrière intestinale, est assez homogène dans l'organisme avec des taux plus forts dans le cœur, le rein, le foie et la rate.
Sa métabolisation est assez connue : le cobalt est un composant de la vitamine B12 (participant à la synthèse de neuromédiateurs dans le cerveau) et il est retenu dans le corps pour plusieurs années. Il se complexe aussi avec des protéines contenant des groupements sulfhydriles.
L'élimination s'effectue par les reins et par voie biliaire. D'où une répartition rapide vers le foie et les reins lors d'une arrivée de cobalt.
J'ai gardé le meilleur pour la fin : la toxicité de ce composé.
Comme vous avez pu vous en rendre compte les doses toxiques sont bien très au-dessus des apports recommandés (presque 67 fois plus). Il est possible de dépasser ce seuil selon la ration. Il faut savoir par exemple, que l'intoxication chez l'homme du cobalt est connue depuis longtemps à cause des buveurs de bière (la levure est très riche en cobalt). Attention donc lorsque vous apportez de la levure de bière à votre animal.
Le symptôme majeur d'une intoxication aiguë est la cardiomyopathie : trouble du muscle cardiaque car le cobalt, en se complexant avec les groupements thiols (-SH) de certaines enzymes dont un bon nombre se situe au niveau des mitochondries, induit une destruction des cellules musculaires cardiaques.
L'intoxication chronique est délicate à constater puisque le cobalt peut prendre la place du calcium et du magnésium dans de nombreuses réactions ce qui les bloque et comme ces deux minéraux sont présents dans de très nombreux organes et dans encore de plus nombreuses réactions, on a de un spectre très large de symptômes.
- effets respiratoires avec un possible œdème pulmonaire mais il faut des années avec des doses assez fortes,
- cardiovasculaires avec une cardiomyopathie à bas bruit,
- gastro-intestinaux,
- musculo- squelettiques,
- hépatiques (nécrose) et rénaux (atteinte tubulaire),
- oculaires,
- thyroïdiens
- l'état général : asthénie, fièvre, perte de poids...
François Kaeffer
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