Cinquième étape de l'examen neurologique vétérinaire à l'usage des propriétaires
Voici le dernier article sur la neurologie appliquée pour les propriétaires et les praticiens non vétérinaires. Les six articles précédents sont les suivants : introduction / notions de base / étape 1 / étape 2 / étape 3 / étape 4
Étape 5 : les nerfs craniaux
Pour cette étape, l'animal doit être le plus détendu possible et les manipulations seront minimes. Tout excès à cet égard apporterait une inexactitude préjudiciable aux observations.
On vérifiera tout d'abord la vue par le test bien connu de la menace : on cache un oeil de l'animal puis on fait un geste vif vers le deuxième oeil. La fermeture de la paupière et la réaction de l'animal permettent d'estimer la capacité visuelle.
Pour ne pas influencer ce test, le mouvement de menace ne devra pas toucher l'animal, ni aucun de ses poils, vibrisses... et ne devra pas créer de courant d'air.
La réponse à la menace est totalement apprise. Les chiots et chatons n'auront une réponse correcte qu'à partir de 10 ou 12 semaines d'âge. Les veaux, les agneaux et les poulains répondront positivement à partir de 7 ou 10 jours.
Pour ces très jeunes animaux, on utilisera donc un autre test : on cache un oeil et on effectue avec l'autre main un geste qui passe devant l'oeil de l'animal sans toucher ni déplacer de l'air. Si l'animal suit le mouvement de la main, c'est qu'il la voit.
Ces deux tests permettent de mettre en évidence un oeil, un nerf optique, un chemin neuronal et un lobe optique fonctionnels. Si la réponse est négative, on aura une certitude que quelque chose ne fonctionne pas dans cette liste sans certitude sur ce que c'est.
La menace permet de tester aussi le réflexe palpébral (la paupière qui se ferme), ce qui n'est pas le cas du test de suivi. On effectuera donc un autre test pour tester ce réflexe et en même temps, l'innervation de la face : on donnera une petite tape sur l'os orbitaire ou au milieu du front.
Si la paupière est incapable de se fermer mais que la menace est perçue, on observera un évitement, un mouvement du globe oculaire et/ou une fermeture de la troisième paupière.
Pour affiner le test ou dans le cas d'un animal difficile à manipuler, on placera celui-ci au milieu d'un parcours composé d'objets dans un lieu inconnu. L'évitement des obstacles donnera une idée des capacités visuelles de l'animal. Cela permettra aussi dans certains cas de détecter certaines pathologies oculaires qui diminuent les facultés visuelles.
Pour tester le réflexe pupillaire, on effectuera le fameux test avec une petite lumière forte dirigée spécifiquement vers l'oeil. La réponse normale est un rétrécissement de la pupille quand l'oeil est soumis à la lumière et un agrandissement quand l'oeil est à l'obscurité. Néanmoins, les deux yeux sont synchrones, si bien que si on soumet un oeil à la lumière, le deuxième aura aussi une pupille rétrécie.
Il est à noter que les chevaux adultes peuvent avoir naturellement un temps de latence plus importants que les autres espèces lors du test.
L'observation du comportement par le propriétaire est un bon moyen de tester les autres nerfs craniaux qui permettent l'audition, l'olfaction, la mastication, les mouvements de la langue... Cette observation devra être minutieuse et relever tous les problèmes non visibles lors des examens cliniques classiques.
La série sur la neurologie est terminée. Je ne peux que vous encourager si vous constatez des réponses non appropriées au cours des tests à les réaliser plusieurs fois et à enregistrer les réponses.
N'hésitez pas à filmer les réponses de votre animal car les résultats dans une salle d'examen ne seront pas les mêmes que dans votre environnement. Les « crises » sont particulièrement délicates à reproduire et seule une vidéo permettra au praticien de se faire une idée précise.
N'oubliez pas que ces tests n'ont pas de valeur diagnostic et qu'en matière de neurologie, il n'existe pas de certitude, seulement des hypothèses.
Anne KAEFFER