Communication animale : quand notre physique s'en mêle
Comme les animaux, nous parlons avec notre corps. Nous lui faisons exprimer nos sentiments, nos doutes, notre passé, nos idéaux... même ce que l'on préfèrerait cacher !
Un petit gamin, haut comme trois pommes, se dandine d'un pied sur l'autre, le regard au sol, le bras tendu, les doigts effleurant le membre d'un poney. Il lui dit avec une petite voix : « Donne ton pied ! ».
L'ordre est donné et il est correct, pourtant le résultat escompté ne sera pas forcément obtenu.
L'enfant vous demandera ce qui ne va pas. Mais comment lui expliquer que tout en lui démontre le manque d'assurance et que le poney l'estime trop jeune, trop inexpérimenté ou trop chétif pour décider.
Un peu plus loin, c'est un adulte qui prépare son cheval. Le regard est lointain, les épaules affaissées, le dos légèrement voûté par une charge invisible. La journée a été mauvaise et cela se lit dans son attitude. Comment s'étonner que le cheval manque de vivacité, d'engagement ou de joie ?
Encore un peu plus loin, une jeune femme cherche à rattraper son petit chien. Elle avance, tête haute, à grandes enjambées, les épaules bien écartées, en criant. Elle déploie tout son physique en oubliant ce que son chien peut en penser. Il fuit pour jouer selon elle, mais c'est la peur qu'on lit dans ses yeux.
Notre physique est notre meilleur atout mais aussi notre plus grande faiblesse.
Fidèle à nos émotions, notre corps laisse tout transparaitre. Mais avec de l'entraînement, on peut maîtriser un peu notre corps et l'amener à véhiculer le message qui nous intéresse.
Voici quelques techniques de communication avec les animaux utilisant le corps.
Quand on s'adresse à un animal plus petit que soi et que l'on désire lui paraître sympathique, il faut se mettre à sa hauteur. Mettez un genou à terre, rentrez la tête en l'inclinant sur le côté. Ne redressez pas les épaules et courbez légèrement votre dos. Le regard pourra se poser au sol quelques instants, les bras le long du corps, les mains posées au sol ou sur votre genou.
Le petit animal ne tardera pas à venir à vous. Vous pourrez alors l'observer sans jamais garder le regard fixe sur lui. S'il est très craintif, il vaut mieux qu'il vous touche le premier. Sinon, avancez votre main en la gardant dans le prolongement de votre corps (tendre les doigts d'une main posée sur le genou par exemple).
Ce petit animal se montre impoli. Vous redressez les épaules, le dos et la tête avant de le regarder droit dans les yeux. Il est rarement nécessaire de se lever. Mais si vous le faites et que vous désirez continuer la « menace », restez sur vos positions et ne reculez pas car vous seriez alors en position de fuite.
Face à un animal plus grand, la position sympathique est debout, le regard fuyant et la tête inclinée vers le bas. Les épaules sont relâchées comme tous les autres muscles de votre corps. Les mains sont molles au bout des bras qui se laissent aller le long du corps. Si vous devez marcher, vous poserez doucement vos pieds au sol et procéderez avec de petits pas lents.
Si on souhaite impressionner un grand animal, il faut carrer les épaules, redresser le menton, avoir un regard droit sur l'animal. Le pas doit être rapide et lourd, si possible avec de grandes enjambées.
On utilise souvent la technique du paon pour paraître plus gros : on agite rapidement les bras comme si on faisait la roue du paon, de haut en bas. La mauvaise vision des animaux les amène à voir une multitude de bras à la suite les uns des autres, nous sommes donc affublés d'une roue qui nous rend plus gros, plus grand et donc plus impressionnant.
Pour calmer l'animal apeuré, on se concentrera sur notre respiration. On essaiera de la ralentir au maximum et de fermer les yeux, comme quand on sommeille paisiblement.
Pour stimuler un animal, on aura au contraire une respiration rapide, des gestes vifs, un pas léger et souple avec de grandes enjambées, comme des petits bonds. N'oubliez pas le sourire !
On peut aussi montrer sa déception ou sa peine, en tournant simplement le dos face à l'animal puis en abaissant les épaules et la tête pour se cacher dans ses mains comme pour s'enfermer dans un cocon.
Si un animal demande à passer devant vous, vous pourrez accepter en ne lui barrant pas le chemin de vos épaules et de vos hanches, la tête marquera son approbation en laissant aussi le champ libre. Vous serez donc épaules et hanches face au profil de l'animal et la tête tournée vers son arrière.
Faites attention en utilisant ces techniques car quel que soit le message transmis, il faudra vous assurer de sa compréhension, de son acceptation et vous tenir prêt à toute éventualité. En effet, en les utilisant, vous bluffez sur votre émoi et vos intentions.
Quand on bluffe pour faire fuir un animal, il faut accepter qu'il puisse se retourner. Que si vous prétendez être prêt à vous battre, il puisse relever le défi. Ou encore que si vous vous prétendez tout mignon, il puisse en profiter pour vous faire sortir de sa « propriété ».
Je vous invite à tester votre corps, à tenter de lui faire exprimer volontairement des choses car c'est une notion indispensable quand on fréquente des animaux. Observez comment les animaux bougent et bluffent eux-mêmes leurs semblables.
N'hésitez pas à jouer sur la contraction ou la décontraction de certains de vos muscles. Ce n'est qu'en pratiquant régulièrement que vous pourrez maitriser complètement l'art de la communication avec les animaux. Un art qui comme toute discipline ne s'improvise pas et nécessite de votre part une concentration et un travail régulier.
Anne KAEFFER