N’utilisez pas d’aliment cheval adulte pour un poulain !

On voit très souvent utiliser pour des poulains ou pour de jeunes chevaux un aliment conçu pour des chevaux adultes. Le résultat est, il faut le reconnaître assez décevant et cela participe à la mauvaise réputation que les aliments industriels ont auprès de certaines personnes.

Mais la plus belle fille du monde ne peut vous donner que ce qu’elle a. Et  puis, il ne viendrait à l’idée de personne de nourrir un nourrisson à la salade, au roquefort ou à la merguez…

Mais si on admet assez facilement qu’il faut du lait maternisé à un bébé de 3 mois et des petites purées à 8, quand on arrive sur un jeune cheval, déjà bien imposant, on a tendance à oublier que ce n’est pas un adulte et que donc il doit être nourri comme un bébé ou un jeune enfant qu’il est.

Pour accentuer le phénomène, en général, on prend un aliment pour cheval n’ayant pas d’activité physique et il faut bien reconnaître qu’un poulain de 9 mois, cela ne travaille pas. Et puis on donne de petites quantités parce qu’il n’est pas aussi grand qu’un adulte donc il lui faut moins…

Cette pratique découle de la méconnaissance des besoins extrêmement importants d’un cheval qui doit assurer sa croissance en quelques années. Alors que chez l’homme on prend entre 60 et 80 kg en 20 ans, le cheval doit prendre environ 500 kg en 3 ans… c’est dire si l’alimentation est importante.

Mais au-delà des idées générales, regardons les chiffres. Et d’abord comparons les caractéristiques d’un aliment poulain par rapport à un aliment adulte (pour éviter tout biais, j’ai choisi pour cet exemple deux aliments d’une même marque de moyenne gamme mais dont la renommée de sérieux n’est plus à faire). 

Supposons que mon poulain a moins de 1 an (en rose) et que je lui donne 1 kg d’aliment adulte à la place d’1 kg de l’aliment prévu. L’apport en UFC (énergie) sera déficitaire de 47 % mais l’apport en MADC (protéines) sera lui déficitaire de 71 %. Plus grave encore, la lysine qui est un bon indicateur de la qualité nutritionnelle d’une protéine est en déficit de 125 %. Bref, pas assez d’énergie, pas assez de protéines, une protéine de moins bonne qualité… notre poulain est très mal parti pour faire une croissance normale. D’autant que l’augmentation du taux de fibres (cellulose brute) va particulièrement le pénaliser car il ne la digère pas correctement à cet âge.

Et les résultats ne sont pas meilleurs pour un poulain entre 1 et 3 ans (en bleu).

Mais je sens que vous allez me dire qu’il suffit d’en mettre plus et le tour est joué. Cela se heurte aux capacités digestives qui ne sont pas les mêmes chez un poulain et chez un adulte. En outre, ce n’est pas la tendance des propriétaires de donner plus.

Mais supposons quand même que ce soit effectivement le cas, qu’est-ce que cela donne ? 

Ici, on a augmenté la quantité pour que l’apport énergétique soit le même. On se retrouve toujours avec un apport en protéines qui est insuffisant aussi bien en quantité (MADC) qu’en qualité (lysine). En outre, on exagère de façon importante l’apport de cellulose sur les tous jeunes poulains ce qui provoque gros ventre et malnutrition. Les apports en minéraux ne sont pas non plus adaptés et donc les équilibres ne seront pas corrects.

Ce qui diffère entre un aliment adulte et un aliment poulain, c’est le profil nutritionnel, le rapport entre les différents constituants, les sources utilisées. Le remplacement de l’un par l’autre n’est donc pas souhaitable et la modulation des quantités est impuissante à corriger le tir.

Je pense que maintenant, vous en êtes convaincus.

Catherine Kaeffer

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