La densité énergétique d’une ration qu’est-ce que c’est ?
Vous donnez à manger à votre animal : vous lui donnez un poids de nourriture. Mais vous lui donnez aussi un apport énergétique autrement dit des Calories, des Joules, des UF. Le rapport entre ce poids et cet apport d’énergie est la densité énergétique de la ration.
Je veux bien, allez-vous me rétorquer, mais tout cela nous mène à quoi ?
En temps normal, avouons-le crûment, à pas grand chose ! Mais dans des cas particuliers, c’est une notion fondamentale.
En effet, pour l’animal « moyen », la quantité qu’il peut manger lui permet sans problème d’avaler ce qu’il lui faut pour vivre. Il a l’estomac plein, il est repu et satisfait et en plus son organisme a tout ce qu’il lui faut. Aucun problème.
Mais dans certains cas, on peut avoir un animal qui mange à s’en faire péter la sous-ventrière et qui malgré cela n’arrive pas à avoir ce qui lui faut pour faire tourner son organisme. A contrario, on peut avoir un animal qui s’il mange à sa faim deviendra obèse et si on le met à un régime pour qu’il reste en forme, aura le sentiment qu’on l’affame.
Dans ces deux cas, la notion de densité énergétique d’une ration aura tout son sens.
Prenons le premier cas, celui de l’animal qui n’arrive pas à couvrir ses besoins.
On le retrouve régulièrement chez le jeune en phase de croissance rapide. C’est l’adolescent qui peut se déguiser en fermeture éclair rien qu’en se mettant de profil et en tirant la langue. Et pourtant dès son arrivée à la maison, il vous dévalise le frigo et tout cela parce que vous lui rallongez ses pantalons tous les deux mois.
Pour nos animaux, c’est le chiot, le poulain, le chaton qui posent d’autant plus de problèmes qu’ils sont d’une race de grande taille.
L’autre cas est celui de la mère allaitante. Elle doit fournir du lait à son ou à ses jeunes. D’une certaine façon, c’est le même problème. Elle doit assurer la croissance de ses jeunes via le lait. En fait, le frigo, c’est elle… et il faut bien le remplir.
C’est aussi le cas lorsque le travail est intense dans des conditions atmosphériques difficiles.
On arrive avec ce type d’animaux à la situation que les quantités qu’ils peuvent ingérer et digérer (car avec les très jeunes, la digestion n’est pas toujours aussi efficace qu’après) est insuffisante pour couvrir leurs besoins avec une alimentation « normale ».
On n’a plus qu’une solution : puisqu’on est limité en quantité, il faut que chaque kilo d’aliment apporte plus. On augmente donc la densité énergétique de la ration. On passe de la pomme au goûter à la barre chocolatée. On passe d’une alimentation fourrage pur à une alimentation avec des céréales. On rajoute de la graisse…
Enfin, jusqu’à un certain point car il faut tout de même garder un certain équilibre entre les nutriments. C’est pour cela que parfois, on n’arrive plus à suivre et que forcément on ne couvrira plus les besoins énergétiques.
Si cela ne dure pas trop longtemps, que cela reste modéré, c’est acceptable. Mais il faut bien avouer qu’on arrive aux limites du système.
C’est la vache laitière qui décolle pendant la lactation et se remplume au tarissement. C’est la jument qui maigrit pendant la lactation. C’est le jeune cheval qui se retrouve avec une herbe peu nutritive ou un foin de qualité médiocre.
C’est pour cela qu’il faut réserver les aliments les plus énergétiques à ce type d’animaux, le meilleur foin pour les jeunes et les femelles suitées, le morceau le plus gras pour le chien de traîneau.
A contrario, le cas où l’animal grossit rien qu’à sucer des cailloux, l’animal à faibles besoins. C’est classiquement un animal adulte, de taille modeste, parfois castré, ayant un travail faible restant dans des conditions de température constantes.
C’est le chat qui passe la moitié de sa journée sur le radiateur. C’est le cheval à l’entretien. C’est le chien de salon.
Mais ce peut-être aussi un animal rustique et là on retrouve les poneys ou plus net encore les ânes.
Dans ce cas, avec très peu de nourriture, vous pouvez lui apporter assez d’énergie… assez d’énergie mais pas assez de volume pour bien digérer.
Il vous faudra donc diminuer la densité énergétique de la ration : prendre des viandes plus maigres, utiliser des aliments riches en fibres non ou mal digérées de façon à obtenir un volume plus satisfaisant pour le même apport.
Pour l’âne, par exemple, le foin, même de qualité médiocre est trop dense énergétiquement parlant. Il est indispensable de le couper avec de la paille nettement moins nutritive.
Catherine Kaeffer