Dans quel ordre distribuer les aliments aux chevaux ? L'eau en premier !
Les recommandations concernant l'ordre de distribution sont toujours les mêmes : l'eau d'abord, le foin ou le fourrage ensuite et les céréales (granulés ou floconnés) en dernier.
Cela paraît simple mais dans la pratique de nombreuses questions peuvent se poser.
Revenons aux raisons de ces recommandations.
L'eau d'abord.
Avec certains régimes qui ont la particularité d'être très hygroscopiques, c'est-à-dire d'augmenter beaucoup de volume si on ajoute de l'eau, cette recommandation peut être vitale. C'est le cas par exemple de la pulpe de betterave. En effet, si un cheval absorbe de l'eau après avoir consommé de la pulpe (non ou insuffisamment trempée bien sûr), il s'expose aux redoutables coliques gastriques. En moins important, on retrouve ce phénomène avec tous les granulés.
En outre, un cheval assoiffé aura des difficultés à produire la salive nécessaire pour bien mastiquer ses aliments. Donc il ne pourra correctement manger un foin. S'il est sur un fourrage vert, cet effet se fera évidemment moins sentir.
Le fait de donner de l'eau avant est donc une précaution simple. Il ne faut pas oublier qu'autrefois, on menait les chevaux à la fontaine pour boire. J'ai connu personnellement le système de la fontaine qui trônait au milieu et de part et d'autre deux rangées de stalles. On menait les chevaux à boire avant le travail, après le travail et avant chaque repas.
Mais aujourd'hui beaucoup de chevaux disposent d'eau en permanence, ce qui est excellent pour leur santé. Donc le problème ne se pose généralement pas. Le cheval se désaltère au fur et à mesure. L'antique contrainte ne s'applique plus.
Mais il ne faut cependant pas l'oublier car dans certains cas, elle reprend tous ces droits.
C'est le cas des chevaux abreuvés au bac ou au seau, que ce soit à l'extérieur ou en box. Souvent, on distribue la ration et ensuite on fait le tour des bacs. Tout va bien s'il reste au moins 5 cm d'eau propre dans chaque bac... dans ce cas, on peut considérer que le cheval a eu de l'eau à disposition en permanence.
S'il ne reste que quelques centimètres, cela peut être insuffisant pour que le cheval puisse boire (en effet, comme il boit en aspirant l'eau, il faut qu'il y ait une hauteur suffisante pour que le cheval puisse faire pompe. Sinon, on ne peut savoir depuis combien de temps, le cheval est sans eau et il convient donc de lui en présenter avant la distribution de granulés ou de foin.
Idem dans le cas d'une eau souillée : cheval qui crottine dans son bac, qui mange en buvant en même temps ce qui fait que des débris de nourriture pourrissent dans le bac.
Pour ses raisons, dans le cas d'une distribution en bac, il est souhaitable de faire un tour des bacs avant la distribution, quitte à ne les remplir à nouveau qu'en dernier.
Un autre cas connu est celui du cheval qui rentre du travail et qui va souvent se jeter sur la ration qui a été distribuée en son absence. Dans ce cas, il ne prend souvent pas le temps de boire et le fait après ou en milieu de repas ce qui est néfaste à une bonne digestion. Il peut alors être avantageux de ne pas distribuer la ration mais de la laisser dans un seau à la porte du box. Ainsi on peut laisser au cheval le temps de s'abreuver tranquillement éventuellement en « coupant » l'eau, le temps qu'on desselle et qu'on fasse les premiers soins. Et une fois que le cheval est désaltéré, on lui donne son aliment. Si c'est un repas de foin, le problème est moins crucial puisque le cheval a toutes les chances de lui-même de boire avant.
Petit rappel inutile : on appelle « couper » l'eau le fait d'interrompre le cheval régulièrement lorsqu'il boit. C'est important de le faire sur un cheval qui rentre du travail, et encore plus s'il est encore en transpiration. En effet, l'arrivée brutale d'une quantité importante d'eau froide provoque là encore des coliques gastriques qui peuvent être très graves. Dans le cas d'un abreuvement au seau, on donne l'eau par demi seau jusqu'à refus en ayant une pose de quelques minutes entre deux demi-seaux et si possible avec de l'eau à température ambiante. Dans le cas d'un abreuvoir automatique, on introduit un doigt au niveau des barres pour désamorcer la « pompe ». Le cheval ne pouvant plus boire reprend son souffle. Tirer sur le licol ou sur les rênes, selon le cas, est moins efficace.
Enfin, un cas auquel on ne pense pas est l'abreuvoir automatique défectueux. Cela peut arriver assez facilement avec les abreuvoirs à palette. Il suffit que des débris de nourriture s'accumulent sous la palette et empêchent le fonctionnement. C'est traître car le cheval assoiffé appuie du mieux qu'il peut et donc arrive à faire couler un peu d'eau et qu'il reste toujours un fond dans l'abreuvoir qu'il ne peut pas aspirer. En outre, le bouchon peut être arrivé assez haut sous la palette et donc ne pas être visible.
Une bonne habitude consiste à chaque fois qu'on s'occupe d'un cheval, avant chaque séance de travail, avant chaque repas, à faire fonctionner l'abreuvoir et à vérifier que l'eau arrive bien.
Nous verrons le cas du foin et des granulés (floconnés, céréales, pulpes...) dans un prochain article.
Catherine Kaeffer