Exportations et restitutions sur une prairie

Publié le par Catherine, Francois et Anne

 

Au niveau d’une prairie ou d’une culture en général, il est possible de faire un bilan entre les « dépenses » et les « recettes » de nutriments pour les plantes. L’évolution de la pairie au cours des années dépend de ce bilan.

 

S’il est en équilibre la composition floristique de la prairie restera stable.

 

S’il est déficitaire, la prairie s’appauvrira et petit à petit les plantes les moins exigeantes seront favorisées alors que les autres disparaîtront.

 

S’il est excédentaire, ce seront les plantes à la fois les plus exigeantes et qui ont les vitesses de croissance les plus rapides qui prendront le dessus.

 

Quels sont les éléments qui composent ce bilan ?

 

Les exportations ou sorties :

 

Il s’agit essentiellement de l’herbe qui est soit pâturée soit fauchée et qui dans tous les cas représente pour la prairie une perte de matière organique. A cela on peut ajouter les pertes par piétinement (bien que dans ce cas, la matière organique se retrouve dans le sol mais forcément avec une perte énergétique).

 

Les restitutions ou entrées :

 

En premier lieu, il s’agit des retours via les déjections des animaux (dans le cas de pâturage et non de fauche) qui sont riches en éléments minéraux. Les déjections contiennent 20 à 25 % de l’azote ingéré. Si on est en pâturage exclusif, la restitution par les fèces et l’urine est égale à environ ¼ de la perte.

 

A noter que si les chevaux reçoivent en complément du foin provenant de l’extérieur, ils vont restituer à la prairie où ils se trouvent cet azote non digéré. Donc indirectement, ils vont augmenter la fertilisation de leur parcelle. Le même phénomène a lieu avec les apports de concentrés bien que vraisemblablement moins efficace puisque les protéines sont dans ce cas plus digestibles. Mais d’un autre côté, le cheval a alors une consommation d’herbe moindre donc le bilan est vraisemblablement positif.

 

Dans tous les cas, une partie des protéines formées par les bactéries du gros intestin du cheval, ainsi que les protéines endogènes (enzymes digestives, desquamation du tube digestif) font partie de cet apport.

 

Il faut y ajouter des retours pauvres sous forme d’organismes végétaux sénescents (qui sont majoritaires dans les cas de fauche).

 

Même si ce ne sont pas des restitutions à proprement parler, il faut considérer dans les entrées la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les légumineuses (luzerne, trèfle, lotier, sainfoin) grâce aux nodosités de leurs racines.

Évidemment, cela dépend de la proportion de ces plantes dans la flore. Pour une prairie comprenant 15 à 20 % (en poids) de trèfle blanc, cela peut correspondre à 200 unités d’azote par hectare et par an.

 

On peut considérer qu’un cheval adulte de 500 kg restitue entre 20 et 40 unités d’azote sur une saison de pâturage.

 

Le problème des restitutions spontanées des chevaux c’est qu’elles créent des zones de refus qui ont alors tous les avantages : pas broutées donc pas d’exportation et recevant les restitutions.

 

D’un autre côté, vous avez les zones de surpâturage, où l’herbe est broutée dès qu’elle repousse (exportation) y compris jusqu’à des hauteurs inférieures à 5 cm (d’où consommation des réserves de la plante qui se situent en bas de la tige) et qui ne bénéficie pas des restitutions que ce soit en provenance des déjections (du fait du comportement des chevaux) ou des éléments végétaux sénescents (couvert jeune et peu abondant).

 

Petit à petit l’hétérogénéité de la pâture augmente.

 

Si on se retrouve avec un bilan négatif, c’est-à-dire qu’on exporte durablement plus de matière organique et/ou d’azote qu’on en récupère, il conviendra de rétablir à un moment ou à un autre l’équilibre. C’est la fertilisation soit à l’aide d’un engrais minéral soit par l’apport de fertilisants naturels.

 

Il n’est pas toujours facile de faire un bilan surtout si vous n’avez pas de connaissance particulière en agronomie. Cependant, il est toujours possible de prendre régulièrement des photos et d’estimer son couvert végétal. D’une année sur l’autre, on peut alors constater l’évolution. Savoir si tout est en équilibre ou entendre notre prairie qui nous informe qu’elle s’appauvrit de jour en jour.

 

Dans ce cas, soit vous diminuez les impôts soit vous augmentez les salaires… pardon, je m’égare… Soit vous diminuez les exportations, soit vous augmentez les restitutions.

 

Catherine Kaeffer

 

Cet article a été rédigé par un membre de l'équipe de Techniques d'élevage. Retrouvez tous nos articles sur http://www.techniquesdelevage.fr ou http://anneetcat.wix.com/techniques-elevage.

Chevaux au pré. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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