Cycles parasitaires, vermifuges équins et résistances
Qu'ils soient à base de plantes ou de produits chimiques, les vermifuges agissent sur une partie de la population parasitaire avec pour but de la réduire. Une action qui aura un impact plus global sur les parasites ciblés et sur les parasites épargnés.
La charge parasitaire d'un équidé est en équilibre entre les parasites qui infestent, ceux qui meurent ou qui sont évacués et ceux qui restent dans le tube digestif.
Un équilibre qui existe également entre les différentes populations parasitaires présentes dans l'équidé.
Un vermifuge va rompre ces équilibres.
Les caractéristiques des parasites vont influencer le résultat de cette perte d'équilibre.
Un vermifuge en hiver par exemple va « purger » l'équidé de façon plus durable qu'un vermifuge au printemps. En effet, la plupart des parasites ne sont pas actifs en hiver dans le milieu extérieur. L'infestation sera donc moins probable en hiver qu'au printemps et le vermifuge sera plus « efficace » dans le temps. L'emploi d'un vermifuge en début d'hiver est donc suffisant pour protéger un équidé contre la plupart des parasites pendant tout l'hiver. S'il est bien effectué, le vermifuge en début de saison est également peu utile car l'équidé sera « sain ».
L'emploi des vermifuges naturels ou chimiques influence une partie de la population parasitaire. Il n'existe pas de solution qui fonctionne pour tous les parasites. Certains parasites seront épargnés par le vermifuge donné, que ce soit au sein des populations visées comme dans les autres populations parasitaires.
Le vermifuge libère la place occupée par un certain nombre de parasites visés. Cette création d'espaces vides laisse aux parasites de l'environnement la possibilité de s'installer.
Il serait faux de croire que les parasites qui s'installeront seront tous différents ou identiques à ceux que le vermifuge a délogé. Ce sont les conditions environnementales, les parasites présents et les caractéristiques des cycles parasitaires qui vont influencer la composition du nouvel équilibre parasitaire.
Au printemps, tous les parasites se « réveillent » à peu près au même moment. Un cocktail de parasites avec des populations fidèles à ce que l'on peut trouver dans l'environnement va infester l'équidé. Une population qui sera prédictible après examen des conditions de vie de l'équidé.
En l'absence d'emploi de vermifuge, les parasites vont se développer selon leur rythme. Certains occuperont leur place pendant 6 mois dans l'équidé, d'autres laisseront une place vacante au bout de 25 jours.
Avec le temps, les délais « courts » de vie dans l'intestin deviendront minoritaires et seront remplacés par des délais plus « longs ».
L'emploi de vermifuges va impacter principalement les cycles parasitaires qui nécessitent un laps de temps longs dans l'équidé. Ne pouvant faire leur cycle, ces parasites vont devenir minoritaires dans l'environnement, laissant la place aux cycles plus courts.
Aujourd'hui, de plus en plus de propriétaires vermifugent avec des produits naturels ou chimiques leurs équidés. Les cycles courts sont donc favorisés.
De plus, un parasite avec un cycle court va pouvoir proposer plus de parasites avec des sensibilités différentes et plus rapidement sélectionner ceux qui survivent à l'usage d'un vermifuge. Les « parasites résistants » se développeront d'autant plus rapidement que le cycle est court. Et l'absence de compétition avec d'autres parasites à cycles plus long ne pourra que les avantager.
En pratique, cela se traduit par une modification des « dangers » parasitaires pour les équidés. Si autrefois, la plupart des problèmes parasitaires venaient des grands strongles (6 mois dans l'équidé), ils sont aujourd'hui peu considérés. En revanche, les petits strongles (4 semaines dans l'équidé) autrefois rarement considérés comme dangereux, sont aujourd'hui devenus des fléaux présents en grand nombre et résistants à beaucoup de molécules et de mélanges. Leur capacité à s'enkyster les rend aussi capables de s'extraire de l'influence des vermifuges qui touchent les parasites présents dans le tube digestif.
Afin d'éviter une sélection trop importante, il est donc intéressant de s'interroger sur les parasites présents dans l'environnement de l'équidé et de ne vermifuger que si cela s'avère nécessaire avec le ou les vermifuges naturels ou chimiques adéquats.
Il sera aussi conseillé de changer régulièrement de vermifuge et de ne pas donner un vermifuge sur le long terme pour ne pas sélectionner uniquement les populations résistantes.
Cet article a été rédigé par un membre de l'équipe de Techniques d'élevage. Retrouvez tous nos articles sur http://www.techniquesdelevage.fr ou http://anneetcat.wix.com/techniques-elevage.