Alimenter son cheval avec des lipides et/ou sans amidon

Publié le par François Kaeffer. Alpha et Oméga

Il peut être nécessaire pour des raisons de santé de préférer dans le cas d’une alimentation requérant une source d’énergie complémentaire aux fourrages, une alimentation riche en lipides plutôt qu’en sucre mais cela ne va pas sans quelques conséquences.

Avant de supprimer, avec une brutalité qui frise le trouble maniaque, les sucres et en particulier, l’amidon, il faut avoir une raison réelle, objective et surtout médicale :

  • L’accumulation de polysaccharides dans le muscle appelée PSSM correspond à un stockage massif de glucose sous forme de glycogène dans le muscle sans qu’il puisse l’utiliser ou alors au compte-goutte.

Le risque de coup de sang est majeur lors d’un effort musculaire puisque le muscle ne pouvant avoir que le glucose du sang (dont la quantité est régulée pour subvenir aux besoins du cerveau) pour obtenir de l’énergie, il est rapidement dépassé par les événements et les cellules musculaires meurent en masse.

Cette mort cellulaire libère une quantité majeure de toxines et de potassium conduisant potentiellement à la mort.

  • Le Cushing : l’hyperglycémie oblige à une rectification de la ration afin de la temporiser au risque sinon d’avoir les mêmes difficultés de vie qu’un diabétique. Les mêmes causes produisant les mêmes conséquences.
     
  • Les fourbures alimentaires mais pour le prouver, c’est délicat.
     
  • Les troubles digestifs avec l’amidon (coliques, par exemple). Il peut arriver qu’un cheval du fait de sa flore bactérienne productrice de gaz, ne supporte pas un apport trop important d’amidon. Ceci est cependant la raison la moins courante.
     
  • Les chevaux à très hauts besoins énergétiques pour qui l’apport d’énergie via l’amidon et les fibres se révèle finalement insuffisants.

Comme vous pouvez le constater, il n’existe pas de nombreuses raisons de bannir l’amidon de l’alimentation. Surtout que les besoins en énergie du cheval n’ont pas diminué, loin s’en faut et que la capacité d’ingestion n’a, elle non plus, pas évoluée.

Nous arrivons donc triomphalement à l’idée qu’il faut une autre source d’énergie concentrée… Comme il n’en existe pas pléthore, le tour d’horizon s’arrête sur la fraction lipidique de la ration.

Il me semble indispensable de re-préciser que l’intérêt du glucose est de produire au niveau cellulaire une quantité appréciable d’énergie (36 ATP par molécule de glucose en voie aérobie) avec une production de déchets (CO2, radicaux libres…) la plus limitée possible.

Les lipides sont, quant à eux, plus difficiles à briser pour produire l’énergie en question et obligent à une production accrue de radicaux libres lors des besoins en énergie importants pour réussir cette cassure moléculaire.

Une fois produits, ces radicaux ne restent pas là, les liaisons ballantes, en attendant qu’on les prenne en charge. Ils vont oxyder toutes les molécules à portée sans aucune distinction : protéines, lipides, ARN, ADN… Sauf que remplacer les molécules oxydées et donc inutilisables, coûte en énergie, en éléments (acides aminés, acides nucléiques, acides gras fonctionnels…) et en temps.

Dans la ration, nous avons des éléments antioxydants dont les deux majeurs sont :

  • Le sélénium : cet oligo-élément est présent dans la glutathion peroxydase, un antioxydant particulièrement important pour les globules rouges. D’où le risque d’hémolyse (destruction des globules rouges) et ensuite d’anémie (diminution du taux d’hémoglobine) qui peut résulter d’une carence.
  • La vitamine E : un antioxydant majeur.

Pour une ration riche en lipides, il faut considérer l’augmentation des besoins de base du cheval en ces deux éléments en particulier.

Cependant, le risque d’intoxication par la vitamine E est inexistant… A part, si vous noyez littéralement votre cheval dedans, il ne risque rien d’après la littérature.

Par contre, le sélénium peut rapidement se révéler toxique et on peut avoir un désabottage. Il vaut mieux dans son cas limiter l’augmentation des besoins à 20% des besoins que l’on, trouve dans les tables.

A noter qu'un apport important en vitamine E, en "économisant" le sélénium augmenterait les risques d'intoxication en cas d'apport en sélénium trop important. 

Chaque ration a ses avantages et ses inconvénients en termes de calculs et d’intérêts. Lorsque l’on bloque une possibilité pour une raison autre que médicale ou de santé avérée, on ne fait que troquer des problèmes avec d’autres… moins connus certes, mais pas plus reluisants.

François Kaeffer

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Apport de lipides dans une ration. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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