L’alimentation d’un cheval de trait est-elle économique ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Omega

Beaucoup de propriétaires de trait mettent en avant le caractère économique de l’alimentation de ces races qualifiées de rustiques.

Cependant autrefois, la possession d’un cheval de trait était considérée comme le summum de la réussite sociale car le fait que vous puissiez nourrir un tel animal prouvait à l’évidence que vos moyens financiers étaient conséquents.

Alors quelle est la réalité des faits ?

Pour un cheval adulte à l’entretien, là où un selle de 500 kg aura besoin de 4,1 UFC (Unité Fourragère Cheval), le trait de 800 kg aura besoin de 5,6 UFC soit + 36 %. Il est donc plus exigeant au niveau apport.

L’ingestibilité de l’herbe peut être estimée entre 1,8 et 2,1 kg par 100 kg de poids vif. Donc notre trait pourra manger 60 % de plus que notre selle. Non seulement il pourra couvrir ses besoins mais il grossira plus facilement d’autant qu’il est souvent moins actif. Il sera donc bien « rustique » et « économique » en ce qui concerne son alimentation.

Petit Bémol, si vous attendez de votre trait qu'il fasse du débardage ou des travaux des champs, alors là, vous retrouverez une alimentation de haut niveau et le fourrage ne suffira plus. Un adulte au débardage aura besoin de 10,5 UFC par jour alors que pour un cheval en travail très intense, type course ou concours de haut niveau on est à 8,3 UFC.

Et comme les chevaux de trait autrefois faisaient souvent des travaux agricoles extrêmement soutenus, on comprend qu’il fallait un porte-monnaie bien garni pour les nourrir. Et il faut aussi se rappeler les 9 repas par jour des chevaux qui tiraient les omnibus parisiens. Ils étaient quasi à une alimentation à volonté que ce soit pour le foin comme pour les céréales.

Et, même si vous envisagez une utilisation de loisir, tout change lorsqu’on a affaire à un poulain de trait.

Parce qu’un poulain de trait a un aspect plus rond que son congénère de sang, parce qu’il est réputé « rustique », parce que vers 18 mois il a déjà un aspect « cheval » la tentation de l’alimenter comme un adulte est forte et notamment dès le sevrage passé de le mettre au pré ou au foin pur et basta.

Ce n’est pas souhaitable à mon sens pour un yearling de sang. Cela l’est encore moins pour un yearling de trait.

La vitesse de croissance d’un jeune trait est très importante puisqu'elle peut à certains moments dépasser le 1 kg/jour. Or, la croissance c’est ce qui coûte en matière alimentaire. Avoir un poulain de trait, c'est pendant plusieurs années, s'attendre à une consommation d'aliment très importante et à des apports minéraux qui vont avec. Les carences du jeune âge sont l'origine de beaucoup de problèmes des traits adultes et notamment d'une constitution des pieds insuffisante. 

Évidemment, la nature étant bien faite, si le poulain de trait a une vitesse plus rapide, logiquement la jument de trait à une production de lait plus importante.

Pour une jument de selle 500 kg, son besoin énergétique au pic de lactation est à 212 % de son besoin d’entretien. Pour une jument de trait, il est à 286 %. La différence est liée à une production laitière beaucoup plus importante (26,4 litres de lait contre 16 litres pour la poulinière de selle).

Donc posséder un cheval de trait, c’est avoir des périodes où vous pourrez faire des économies… pour celles où ce sera un vrai gouffre financier.

Mais c’est aussi avoir un « gros » qui prendra une énorme place dans votre cœur.

Catherine Kaeffer

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Cheval de trait. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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