Etre aux petits soins pour son cheval âgé. 2. Soigner son alimentation
Après l'entretien du moral de votre papy, passons à son alimentation.
Pour un cheval âgé en pleine forme, la première prévention est un apport alimentaire de qualité aussi bien dans le jeune âge que pendant la vie adulte. En particulier, les carences minérales parce qu’elles sont souvent ignorées sont à l’origine de problèmes de dégénérescence plus précoces.
Cependant, même bien soigné, même si son travail a toujours été fait de façon à le ménager, l’organisme du cheval ralentit peu à peu. Pour le garder en bonne santé le plus longtemps possible, il devient alors nécessaire d’adapter sa ration alimentaire.
La première chose à prendre en compte est que l’organisme perd sa capacité à reconstituer ses réserves corporelles. Ainsi, si du fait d’une erreur de rationnement mais aussi d’une maladie ou d’un problème quelconque, le cheval perd de l’état, il sera très difficile de lui faire reprendre (difficile certes mais pas impossible). Cela veut dire que pour un cheval âgé, il n’est pas possible de compter sur ses capacités de stockage ou de déstockage. C’est donc tous les jours que la ration doit apporter à l’organisme ce qu’il a besoin. De ce fait et sauf besoin ponctuellement augmenté, il faut toujours préférer des apports minéraux modérés mais quotidiens à des cures qui apportent des quantités importantes sur un temps court et s’arrêtent ensuite.
Outre le suivi vétérinaire régulier, la première chose à vérifier est l’état des dents qui sont fortement sollicitées tout au long de la vie et dont dépend la qualité de la mastication. Un suivi dentaire est indispensable pour les conserver fonctionnelles le plus longtemps possible. Mais au fur et à mesure de la perte des dents, il convient aussi de limiter l’apport de fibres sèches comme le foin pour privilégier une alimentation plus concentrée et plus facile à mâcher. Moins bien mâché donc moins bien attaqué par la salive mais aussi les enzymes digestives dont la production baisse, le foin progressera moins vite dans le tube digestif d’autant que le tonus musculaire intestinal décroît. En cas de distribution de foin, le choisir riche en feuilles, et non épié pour qu’il soit plus digeste. S’ils sont d’excellente qualité et s’ils peuvent être consommés dans les jours qui suivent leur ouverture, les préfanés plus riches en eau, pourront remplacer le foin. On constate aussi que le passage à la vapeur est intéressant non seulement pour les chevaux emphysémateux mais aussi parce qu’il rend le foin plus souple et plus appétent. Lorsque les dents ont quasi totalement disparu, les foins broyés en bouchons pourront encore être consommés (éventuellement délités ou mouillés) et seront des incontournables de l’hiver en attendant la pousse de l’herbe qui est généralement un des derniers fourrages consommés.
Les aliments succulents comme les carottes, les betteraves ou les céréales germées peuvent relancer un appétit défaillant. Un petit supplément de mélasse de betterave qui a un léger effet laxatif et qui donne du goût peut être utile. Les mashes et les barbotages (le mash est une préparation qui cuit plusieurs heures alors que le barbotage est juste un ajout d’eau chaude) permettent d’améliorer la digestion et l’abreuvement.
Au pré, une attention particulière doit être portée à la présence de plantes indésirables. En effet, avec l’amoindrissement de l’odorat, du goût et de la vision, les risques d’intoxication augmentent.
Le foie fonctionnant de moins en moins bien, il peut par exemple ne plus être en mesure de maintenir la glycémie. Il faut alors apporter des glucides (type amidon… donc des céréales) sous forme de petits repas très digestibles (pour ne pas surcharger les fonctions digestives) répartis au cours de la journée (pour avoir un apport le plus constant possible).
Pour un âge plus avancé, l’amaigrissement est souvent dû à une fonte musculaire (amyotrophie), liée à l’absence de travail mais aussi à une moindre activité spontanée de l’animal du fait de douleurs ou de fatigue. Dans un premier temps, le cheval maigrit donc par pertes des muscles. La tentation serait grande alors de donner des repas plus riches pour être sûr qu’il en ait assez. Possible mais à manier avec précaution.
Parce trop d’amidon dépasserait les capacités de traitement dans l’intestin grêle et donc arriverait jusqu’au cæcum avec un risque évident de dysmicrobisme et de problèmes digestifs. Parce que trop de protéines, obligerait le foie puis les reins à tourner plus vite ce qui n’est pas bon pour eux s’ils y arrivent et pour l’organisme tout entier s’ils n’y arrivent pas. D’où l’intérêt de privilégier les céréales floconnées ou cuites à l’eau par rapport à la forme entière ou aplatie et d’autre part, des protéines de haute qualité comme les protéines lactées, les farines de luzerne ou le tourteau de soja.
En ce qui concerne les minéraux, il convient de couvrir les besoins mais sans excès, leurs effets bénéfiques ne s’observant qu’aux doses physiologiques. Par contre, on conseille d’avoir un rapport phosphocalcique (calcium/phosphore) de l’ordre de 2 c’est-à-dire un peu plus élevé que chez le cheval adulte, l’absorption du calcium baissant avec l’âge.
Les besoins en vitamines sont plus élevés que chez le cheval adulte notamment pour la D et la K qui semblent moins bien utilisées, la E qui est un anti-oxydant biologique et les vitamines du groupe B pour lesquelles les fuites urinaires sont augmentées.
Bref, conserver un vieux cheval en bonne santé, c’est constamment jouer avec des contraintes pas toujours compatibles, couper la poire en deux, s’adapter à la situation du moment, le surveiller comme le lait sur le feu.
Mais c’est aussi pouvoir continuer à s’offrir la joie d’une complicité de longue date, d’une compréhension à demi mot… de la présence d’un ami, quoi !
Catherine Kaeffer
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