La chlorophylle mise au vert

Publié le par François Kaeffer. Alpha et Omega

Pour mettre un frein à certaines argumentations que l’on entend parfois sur l’intérêt de la chlorophylle, nous allons reprendre le bon vieux ADME (Absorption, Distribution, Métabolisation, Elimination) sur cette molécule.

Nous commençons assez fort sur l’absorption. Les données disponibles sont limitées et se cantonnent aux tests in vitro. Des essais montrent que la chlorophylle possède une absorption par vésicule de l’ordre de 5 à 10 %... sur des cellules cancéreuses du côlon. Nous pouvons, sans prendre trop de risque, suspecter une baisse de cette absorption bien en dessous des 5%. Pour avoir une activité quelconque en interne, il va falloir une sacrée quantité de chlorophylle.

La distribution ainsi que la métabolisation et l’élimination restent un flou artistique total. En effet, la phéophytine (chlorophylle sans le magnésium) correspond à une structure de type héminique donc non soluble dans l’eau. Pour circuler, il lui faut soit un transporteur (mais lequel ?) soit une transformation (comme l’hème de l’hémoglobine en bilirubine) mais nulle réponse pour le moment. La question se pose de savoir si effectivement, la chlorophylle passe dans le sang ou reste dans les entérocytes ?

Les plus de 95% de chlorophylle qui restent dans le tube digestif sont lysés par les bactéries intestinales.

Plusieurs argumentations sont données pour l’utilisation de la chlorophylle mais elles ne tiennent pas debout :

  • L’oxygénation du sang : cette argumentation ne tient pas debout puisque la chlorophylle n’est pas retrouvée telle quelle dans le sang, sans compter que, au vu de l‘absorption, il faudrait des quantités monumentales pour espérer un vague effet.

Cette argumentation est issue d’un raccourci saisissant sur la structure équivalente entre l’hémoglobine et la chlorophylle et l’activité au niveau sanguin de l’hémoglobine.

  • L’activité détoxifiante de l’organisme en particulier dans sa capacité à extraire les métaux lourds de l’organisme : cela laisse entendre que l’absorption est suffisante pour ce type d’activité et que la chlorophylle puisse passer dans tous les organes dont les os, le cerveau (avec la barrière hémato-encéphalique)… Au vu de la structure de la chlorophylle, cela semble plus qu’improbable.

Par contre, que cela limite l’absorption de métaux lourds présents dans l’alimentation par complexation, c’est possible.

  • Influence la flore digestive : effectivement, c’est possible mais, une fois encore, cela dépend de la quantité ingérée.

La chlorophylle comme beaucoup de molécules peu connues sont susceptibles d’être présentées avec des argumentations fallacieuses alors que soit nous n’en savons rien soit ce sont des raccourcis tellement rapides que cela en devient faux.

Prudence.

François Kaeffer

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