Utiliser un aliment élevage pour ma poulinière : suffisant ou pas ?
« Je souhaite bien alimenter ma poulinière sans me prendre la tête avec des problèmes nutritionnels : qu’à cela ne tienne ! Je vais choisir un bon aliment élevage et je suis certaine de couvrir tous ces besoins… ils sont faits pour cela et c’est une bonne marque. » Et oui, cela paraît simple. On prend l’aliment ad hoc, on donne ce qui est préconisé et on dort sur ses deux oreilles… Oui… mais non. Techniques d'élevage fait le point.
Oui, parce qu’effectivement, la plupart des aliments élevage étant correctement conçus, ils vont bien couvrir les besoins de votre poulinière… pendant la phase « élevage ».
Mais regardons ce que cela donne sur ce graphique.
On voit le cycle de la poulinière depuis les premiers mois de gestation jusqu’à la mise-bas (sur le graphique, de 0-5 à 10-MB). A noter que jusqu’au 5ème mois, les besoins n’évoluant pas, je n’ai fait qu’une colonne. Puis on a la forte augmentation des apports alimentaires après la mise-bas et leur baisse progressive au fur et à mesure des mois de lactation (MB-1 à 5-6).
On voit que dans cet exemple, il s’agit d’une jument qui reçoit une part importante de fourrage et un aliment concentré du commerce donné selon les recommandations du fabricant et ajusté pour suivre la courbe de lactation. On a donc un apport d’aliment très faible en début de gestation et qui augmente progressivement.
On est donc pile dans ce qu’il faut faire.
Mais si l’on regarde les apports en cuivre par rapport aux besoins, on constate qu’ils sont très bien couverts pendant la seconde partie de la gestation et la lactation, donc l’aliment « élevage » joue parfaitement son rôle. Par contre, ils ne sont pas couverts pendant la première partie de la gestation.
En fait, c’est tout à fait normal car une jument en début de gestation n’est pas dans une configuration nutritionnelle « élevage ». Elle a besoin de peu d’aliment concentré en sus du fourrage. Et encore, dans cet exemple, il s’agit d’une jument de 600 kg assez sportive, donc elle a besoin d’un peu d’aliment. Mais si on avait une jument de 450 kg ou moins, elle se contenterait très bien du seul fourrage comme apport énergétique.
Dans un cas comme dans l’autre, la quantité d’aliment est trop faible pour pouvoir couvrir les besoins minéraux. On a donc des carences nettes qui vont perdurer jusqu’à ce que les besoins énergétiques et protéiques augmentant, on augmente l’apport d’aliment et qu’on arrive à couvrir les besoins minéraux.
Si on regarde le zinc, on constate le même phénomène.
Dans cet exemple, les carences perdurent plus longtemps pour le zinc mais ce n’est pas une règle absolue, cela dépend des additifs de l’aliment utilisé.
Par contre, ce qui est une règle c’est qu’aucun aliment élevage ne peut couvrir les besoins minéraux quand… on n’en donne pas ou tellement peu que c’est symbolique. Ce sont des aliments faits pour couvrir les forts besoins, mais aucunement adaptés aux périodes besoins faibles qu’on a aussi dans un cycle reproductif.
Un aliment élevage, c’est comme un gros manteau d’hiver. Il est là pour servir à vous garantir de la pluie froide et de la neige. Mais pour l’orage d’été, comme vous l’avez laissé dans le placard, il ne vous sera d’aucun secours.
C’est pour cela que l’on a inventé les CMV (compléments minéraux vitaminés) pour résoudre ce type de problèmes.
Catherine Kaeffer
Les éditions Alpha et Oméga créées par notre équipe de Techniques d'Elevage
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MAJ septembre 2023