Apports nutritionnels des foins de graminée et de luzerne pour les chevaux
Nous avons vu les « Avantages de la production de foin luzerné (ou association graminée + trèfle) ». Pour comprendre l’impact nutritionnel du fait qu’un foin soit luzerné ou non, le plus simple est de faire d’abord une comparaison des apports des différents types de foin. Techniques d'élevage fait le point.
Au niveau des apports énergétiques (UFC/ kg de matière sèche)
Si on compare les apports énergétiques de foin de pré comprenant donc un grand nombre d’espèces selon l’écosystème local (foin de Normandie, de Crau ou de pré en jaune), d’un foin de graminées pure (ray-grass anglais (RGA) ou dactyle en vert) et d’un foin de légumineuse (luzerne, trèfle violet en violet), on constate que ce paramètre varie très peu. De fait, on a plus de variations suivant le cycle, le stade de récolte ou entre un foin bien ou mal conservé qu’entre le type de foin.
Au niveau des apports protéiques (MADC g/kg de matière sèche)
Là clairement l’écart se creuse entre les foins de graminées et les foins de légumineuses, logiquement beaucoup plus riches en protéines. Il est intéressant de noter que lorsqu’on a une graminée en culture pure, on a de fortes disparités entre deux espèces assez éloignées sur ce point comme le RGA et le dactyle. Par contre, lorsqu’on prend une flore naturelle, la différence entre les 3 est peu marquée, le mélange des espèces floristiques permettant d’avoir une situation moins extrême. Il est à noter que les exemples pris correspondent tous à d’excellents foins. Évidemment, le foin qu’on récupère sur une parcelle lambda, sans suivi particulier et dans des conditions non optimales n’arrivera pas à ces chiffres et de loin.
Le rapport protidoénergétique (g MADC/UFC)
Comme les valeurs énergétiques varient peu, on retrouve logiquement sur ce graphique, la différence nette entre le groupe des légumineuses en violet et les flores plus équilibrées en jaune. On retrouve aussi la différence RGA – Dactyle. Nous sommes bien là sur d’excellents foins avec un rapport protidoénergétique élevé sauf dans le cas du RGA. À noter qu’autant un rapport protidoénergétique qui flirte avec le 100 g MADC/UFC est certes un peu haut pour un cheval adulte au travail mais reste acceptable, autant lorsqu’on est au-dessus de 150 comme pour la luzerne et le trèfle, ce n’est acceptable en fourrage seul, que pour un poulain ou une poulinière en lactation.
Le calcium (g/kg MS)
Pour le calcium, l’ordre des fourrages est totalement différent. Bien sûr on retrouve des teneurs en calcium élevées chez les légumineuses mais aussi dans le foin de Crau. C’est ce qui fait la caractéristique de ce foin par rapport à un foin récolté ailleurs dans l’hexagone : sa richesse importante en calcium. La différence entre le foin le moins riche en calcium (dactyle) et le plus riche (luzerne) est proprement énorme puisqu’elle est presque d’un facteur 6.
Le phosphore (g/kg MS)
Pour le phosphore par contre, certes il y a des différences entre les foins, mais elle est beaucoup moins importante puisqu’on passe de 1,7 (foin de pré) à un peu plus de 3 pour un foin de Normandie. On constate que sur ce point, le foin de Crau et celui de Normandie sont au coude à coude.
Le rapport phosphocalcique (Ca/P)
C’est LE facteur limitant de l’utilisation d’un fourrage. Pour faire simple, l’ensemble de votre ration ne doit jamais excéder 3 et il est même prudent de ne pas dépasser 2,5. L’idéal est selon les cas compris entre 1,5 et 2. Sur le graphique, j’ai fait figurer cette limite par un trait rouge. Vous constaterez que la plupart des foins sont nettement en dessous. Parfois un peu, parfois plus. Mais le calcium, c’est comme le sel dans un plat. On peut toujours en rajouter mais pas en enlever.
C’est ce facteur qui va conditionner l’utilisation que vous pouvez faire de votre foin.
Petit rappel : les céréales « nature » ont un rapport phosphocalcique compris entre 0,2 et 0,6. Leur utilisation va donc faire baisser le rapport phosphocalcique de la ration. Par contre, si vous utilisez un aliment industriel contenant des céréales, il a généralement été conçu en rééquilibrant le rapport phosphocalcique et dans ce cas, il tourne souvent entre 1,8 et 2,5.
Maintenant que vous savez tout sur la valeur nutritionnelle des différents foins, nous aborderons dans un prochain article l’« Utilisation d’un foin luzerné pour des chevaux ».
Catherine Kaeffer
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MAJ mai 2024