Quand le parasite oublie le vermifuge ?

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Omega

Limiter les résistances des populations parasitaires aux molécules vermifuges est un défi au quotidien. Je vous invite dans cet article à raisonner le temps nécessaire pour qu'une population parasitaire "oublie" votre précédent traitement.

Pour mieux comprendre la problématique, prenons un exemple : imaginons un cheval dans un pré permanent qui a été traité à l'ivermectine en automne et pour lequel, il est préconisé ce même traitement au printemps.

Pour nous aider dans notre raisonnement, on considèrera que seuls les petits strongles ont motivé cette stratégie et on va donc se concentrer sur eux.

Dans ce cas précis, il n'y a pas d'alternance et un délai qui peut sembler long sur le plan humain, mais qui ne sera pas forcément suffisant sur le plan parasitaire.

En effet, entre l'automne et le printemps, il y a l'hiver. Saison durant laquelle la température peut descendre, ce qui va entraîner une vie parasitaire ralentie aussi bien dans la terre que dans le cheval. La dégradation des molécules est également ralentie avec le froid.

Si on suppose que le traitement d'automne a été fait de façon à être efficace (et non de façon trop tardive ou trop précoce), alors il aura impacté la reproduction parasitaire en sélectionnant les parasites qui n'ont pas été touché par l'ivermectine.

Pendant toute la période hivernale, en France, les conditions sont généralement (il existe des exceptions locales) suffisantes pour limiter le risque d'infestation. L'excrétion des oeufs est aussi généralement à l'arrêt. Ce qui fait qu'on n'aura peu ou pas de cycle parasitaire et donc peu ou pas de chance de récupérer des parasites "naïfs".

Quand on va faire le vermifuge de printemps, on va sélectionner des parasites qui sont issus de l'excrétion automnale et qui auront infesté au printemps, des parasites déjà sélectionné pour la plupart.

Alors évidemment, tout ceci est un raisonnement théorique et dans la pratique c'est plus complexe.

Déjà parce que vous n'aurez pas forcément vermifugé en automne au bon moment, ni même au printemps. Une analyse des conditions météorologique associée à une connaissance des cycles et des conditions de vie est nécessaire si on souhaite savoir quel impact pourrait avoir le premier traitement puis le second.

Ensuite, on va avoir une quantité de parasites dans l'environnement qui va impacter notre résultat de sélection et une diffusion plus ou moins importante de la molécule dans ce même environnement.  Ici, il a été considéré que l'environnement ne varie pas, mais on pourrait avoir un raisonnement quasi identique si la séparation entre les prés est insuffisante ou si, après un passage en pré d'hiver, le cheval est ramené dans le pré dans lequel il a été traité au printemps.

La sélection d'une population est un phénomène complexe et que nous ne maitrisons pas complètement. C'est pourquoi il est recommandé de pratiquer des méthodes alternatives de gestion et de ne pas se baser uniquement sur l'usage de vermifuge.

Anne ANTA

 

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Représentation des principaux parasites du cheval. Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

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