Déterminer le moment du sevrage
La détermination de l’âge du sevrage du jeune, quelle que soit l’espèce animale, est toujours un peu délicate.
En effet, on trouve en général dans la littérature un âge théorique de sevrage. Par exemple, pour le porcelet, le sevrage a lieu entre 3 et 6 semaines. Pour le poulain, les chiffres varient entre 5 et 7 mois.
Le plus important à mon sens est de déterminer quand c’est intéressant de le faire pour un animal donné.
Du point de vue du jeune, rester avec sa mère le plus longtemps possible est sûrement la meilleure solution.
Par contre, du point de vue de la mère, c’est tout différent.
S’il s’agit d’un animal qui travaille (chevaux, chiens, âne…), la présence du poulain peut être un frein.
Mais le problème est surtout que tant que le jeune n’est pas sevré, la mère produit du lait.
Or la production de lait, surtout si la mère est une bonne laitière, exige énormément d’énergie, de protéines et de minéraux.
Dans ce cas, la capacité d’ingestion de la mère n’est pas suffisante pour couvrir ses besoins. Autrement dit, même si elle mange à s’en éclater la panse, elle puisera dans ses réserves (y compris osseuses) et maigrira.
Dans le cas d’une vache laitière par exemple, on arrive au phénomène de la " vache accordéon ". Elle maigrit pendant la majeure partie de la lactation et reprend des kilos pendant la fin de la lactation et la période où elle est tarie… avant de mettre un nouveau veau au monde.
Il faut donc trouver un compromis acceptable pour les deux parties :
Le jeune doit être suffisamment mûr pour pouvoir s’alimenter seul c'est-à-dire qu’il ne suffit pas qu’il grappille un peu de-ci de-là mais qu’il doit pouvoir manger des quantités d’aliment suffisantes pour se passer du lait sachant qu’il risque quand même de " marquer le coup " et que c’est une phase toujours un peu délicate pour lui.
La mère doit ne pas trop puiser dans ses réserves.
J’ai connu ainsi le cas d’une jument, de grand gabarit, nourrie à volonté d’aliments de bonne qualité et qui est arrivée à un tel degré de maigreur qu’un sevrage précoce a été indispensable.
Des mois de soins attentifs ont été nécessaires pour qu’elle reprenne de l’état et des muscles.
Une bonne mère doit se sacrifier pour ses enfants, dit-on… mais point trop n’en faut !
Catherine Kaeffer