Comprendre les mécanismes de la lactation pour mieux la gérer
La production de lait peut se révéler problématique surtout chez la jument dont la production et la restitution se fait au fur et à mesure, sa mamelle ayant une faible capacité de stockage.
La lactation est une histoire qui commence bien avant la naissance du poulain alors : « Il était une fois, un schéma... »
Nombre d'hormones jouent un rôle dans le développement mammaire et / ou dans la lactation (comme on peut s'en rendre compte).
Durant la gestation :
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L'oestradiol et la progestérone sont impliqués dans le développement de la glande mammaire que ce soit lors du passage à l'âge adulte (production exclusive par les ovaires) ou lors de la grossesse (ovaires et placenta). Il faut savoir que le placenta produit un excédent de progestérone d'où l'augmentation du volume et donc le sentiment de tiraillement qu'éprouvent les juments (ou même les femmes !).
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La prolactine est l’hormone productrice de lait chez toutes les espèces étudiées. L’effet est amplifié par l’hormone de croissance (GH). Par contre, il est inhibé par la progestérone par inhibition de la synthèse des récepteurs à la prolactine. C'est important pour la suite.
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L'hormone lactogène produite par le placenta stimule le métabolisme de la mère dans la perspective de la lactation.
D'un point de vue nutritionnel, la jument pleine doit à la fois nourrir le poulain mais aussi se constituer des réserves qui pourront être mobilisées au moment de la lactation. Pour se donner une idée, une femme enceinte stocke l'équivalent de 4 kilos de graisse ! Il faut donc bien apporter de l'énergie mais pas uniquement de la graisse !
La gestation est donc la phase de stockage de la lactation.
Au moment de la mise bas, la concentration en progestérone s'effondre ce qui permet à la prolactine de pleinement agir sur les glandes mammaires. La synthèse de lait vient de débuter !
Les deux premiers jours, la jument va donner à son poulain le colostrum contenant surtout des anticorps (ou immunoglobulines, c'est la même chose). Ce colostrum est primordial, sans lui, le poulain n'a aucune défense immunitaire et mourra rapidement.
La composition générale du lait, par la suite, permet d'avoir une petite idée des besoins de la jument allaitante :
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Composants
Pourcentages
Graisses
1,9 %
Protéines
2,5 %
Lactose
6,2 %
Eau
88,8 %
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Au cours de la lactation, le quart de l’énergie du métabolisme est mobilisé pour la production de lait. D'ailleurs le lactose est un sucre spécifique du lait nécessitant de nombreuses modifications de la part de la mère et donc de l'énergie.
N'oublions pas le calcium dont le lait est très riche et qui est récupéré sur les os de la mère si la ration n'en contient pas assez.
Cependant, une petite blague, le lait est plus riche en sucres et plus pauvre en lipides en début qu’en fin de lactation. Composition du lait et quantités produites différentes, la ration de la jument doit évoluer avec le stade de lactation.
Et bien sûr l'eau ! Une femelle allaitante doit avoir toujours accès à une eau abondante et d'excellente qualité... ce qui n'est pas toujours le cas notamment au pâturage.
Le maintien de la lactation s'effectue à l'aide de la tétée du poulain.
Les nerfs sensitifs de la mamelle vont provoquer la libération d'hormones au niveau de l'axe hypothalamo-hypophysaire (axe constitué de deux structures se situant, toutes deux,dans le cerveau). Voici le schéma (et oui, un de plus!) :
On retrouve la, maintenant bien connue, hormone de croissance mais ici cette hormone participe à la répartition de l'énergie entre la glande mammaire et les tissus de réserve en fonction de la ration.
Le foie est la réserve de glucose dans l'organisme nécessaire aussi bien en terme énergétique que pour la production de lactose. Le tissu adipeux et le foie servent dans la libération des graisses indispensables au lait.
L'éjection du lait est assurée par l'ocytocine, une autre hormone (si, si!) produite par l'hypophyse qui sert par contraction des muscles lisses de la mamelle à l'éjection du lait.
Petit rappel : ce n'est pas seulement le jeune qui aspire le lait de la mamelle, mais le lait qui est expulsé hors de la mamelle sous l'influence de stimuli comme la présence du jeune, la tétée.... Cela explique que les vaches laitières perdent leur lait qui « coule tout seul » dès qu'elles entendent le bruit de la salle de traite.
Les récepteurs spécifiques de l’ocytocine (sur la glande mammaire) sont induits en fin de gestation par l’augmentation des concentrations plasmatiques en oestradiol.
Si pour une raison ou pour une autre, la mère n'est plus tétée pendant quelques jours, la concentration en oestradiol étant de nouveau normale après la mise bas, le nombre de récepteurs diminue rapidement ne permettant plus l'éjection du lait ce qui entraîne le tarissement.
Donc si une jument perd son poulain et qu'on souhaite lui en faire adopter un autre, il est indispensable de la traire pour maintenir la sécrétion du lait.
A bientôt.
François