Entre l'écorce et l'arbre...
C'était un petit alezan fin au regard et à la robe douce. Sympa et cool.
Un matin, alors que je préparai la ration, les gamins vinrent me chercher « Viens voir, il n'a pas l'air bien, il ne veut pas se lever... »
Dans le box, un cheval couché, blanc d'écume, haletant, tremblant...
Il ne se levait pas et pour cause... en se roulant dans son box, il était passé sur le dos et s'était retrouvé les membres repliés, coincés contre le mur... et il n'avait plus assez de place pour prendre son élan et refaire la manœuvre en sens inverse.
Il se débattait depuis des heures et nous jeta un regard implorant.
Bon, ce n'était pas le tout, mais il fallait le sortir de là !
Le tirer sur le sol pour le dégager était exclus. Non seulement 500 kg c'est beaucoup pour mes petits biceps mais en plus, il se serait blessé tout le côté sur le sol.
Une seule solution : lui faire faire la roulade en sens inverse.
La situation était délicate. Il avait le nez vers la porte donc aucun problème de ce côté, mais les fesses à 50 cm du mur du fond.
J'ai donc placé une gamine devant le nez du cheval et lui ai demandé de prendre les deux antérieurs. Elle était en sécurité.
Pour manœuvrer les postérieurs, il n'était évidement pas question de me mettre au niveau du dos pour éviter de se recevoir les postérieurs en pleine poire au moment de la bascule !
Je me suis donc retrouvée le dos au mur (au sens propre comme au sens figuré) avec les postérieurs à manœuvrer, ce qui n'est pas vraiment léger, léger... et en plus avec le risque au moindre mouvement brusque du cheval de me retrouver transformée en crêpe dentelle...
Et au moment où on libère un cheval complètement paniqué, les mouvements brusques, il y en a souvent !
L'écorce et l'arbre, vous connaissez ?
J'avais le trouillomètre à zéro...
Dès que j'ai pris les postérieurs, le cheval a repris ses efforts. C'était peine perdue mais cela ne m'arrangeait pas.
Quand qu'il se fut calmé, j'ai donné le signal à ma partenaire et j'ai tiré de toutes mes forces sur les postérieurs. Comme des chefs, super synchro, on a réussit le faire lentement pivoter et à le mettre sur le dos.
Dès la verticale passée, on a laissé le cheval finir la manœuvre.
Il a basculé. Au contact du sol, il est monté devant.
Juste au moment où les postérieurs allait frapper le sol pour le relever, j'ai hurlé.
Alors, il s'est rappelé de moi, coincée entre ses fesses et le mur et il s'est immobilisé un instant.
Je me suis dégagée vivement.
Il s'est mis debout.
Et nous sommes restés bien une minute, lui et moi, secoués, à reprendre nos esprits et notre souffle...
Catherine Kaeffer
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