La forme de l’encolure
L’encolure sert de balancier au cheval, comme le chat se sert de sa queue pour retomber sur ses pattes.
Quelques exemples :
- En monte sportive, certains arrêts nécessitent de relever l’encolure, tête haute, pour rejeter brutalement le poids vers l’arrière.
- En montée, le cheval étend sa tête et son encolure pour s’équilibrer alors qu’il les soulève lors de la descente.
- Lors du saut, le cheval courbe son encolure dans un mouvement qui suit l’axe de la trajectoire. Si l’encolure ne " fonctionne " pas correctement, le saut sera creux ou plat ou en cloche mais en tous les cas mauvais.
C’est dire si une encolure adaptée est un atout pour le cheval.
Question anatomie, quelques précisions s’imposent :
La colonne vertébrale, support osseux de l’encolure n’est pas juste sous la crinière comme on pourrait le penser mais sous le muscle brachiocéphalique : celui qui va du bras (brachio) à la tête (céphalique). Extérieurement, c’est la grosse masse musculaire qui part du haut du poitrail pour arriver derrière les oreilles. Il en découle que :
La longueur de l’encolure est liée à la longueur de la colonne vertébrale. Conclusion : si votre cheval a une encolure trop courte ou trop longue à votre gré, résignez-vous, il n’y a rien à faire.
Par contre, son épaisseur, sa courbe, sa forme, sont liées en grande partie à des structures musculaires ainsi qu’au ligament nucal, structure en éventail de grande taille qui forme la crête de l’encolure (ligne de la crinière) et soutient la tête.
Et donc tout cela est éminemment plastique.
Une autre conséquence de la structure de l’encolure est la possibilité d’agir sur toute la masse.
En effet, la première vertèbre à la base du crâne permet le déplacement de la tête de haut en bas. C’est l’atlas du nom du géant qui portait le monde sur sa tête, la " vertèbre du oui ". Elle ne supporte aucun mouvement latéral. Elle permet la cession du cheval par ailleurs limitée par l’importance des ganaches. Entre parenthèses, chez les chevaux qui possèdent des ganaches importantes, il est illusoire et injuste de leur demander une cession de nuque " comme dans le manuel ". Ils ne peuvent tout simplement pas obéir à ce type de demande !
La deuxième vertèbre, l’axis permet la rotation de la tête. C’est la " vertèbre du non ". Contrairement à l’atlas, elle ne permet que des mouvements latéraux.
Cela veut dire que si vous avez un cheval qui a la tête aux étoiles et donc dont l’atlas est en butée et si vous amenez sa tête en rotation maximale sur le côté, et donc bloquez l’axis, vous aurez formé un bloc rigide qui imposera sa loi à l’ensemble de la colonne vertébrale. Alors le cheval ne pourra plus résister à la moindre action de votre part à condition que vous conserviez cette position particulière de la tête.
Cela explique l’efficacité d’une rêne contraire très haute, presque derrière les oreilles.
Attention, dans cette position, une action trop forte peut coucher le cheval de la même façon que l’on peut coucher un taureau en le tenant par les cornes. S’il est incapable d’empêcher à la mise en butée des deux vertèbres, alors il ne peut faire autrement que se coucher.
C’est d’ailleurs comme cela que l’on couche l’animal quand la nécessité se fait sentir ou en préliminaire afin de lui apprendre à se coucher à la demande.
La structure anatomique de l’encolure explique aussi pourquoi un cheval couché ne pourra pas se relever tant que vous lui maintiendrez la tête au sol. Et comme elle est longue, c’est facile. Essayez sur une vache qui a une encolure courte, c'est tout de suite beaucoup plus sportif !
Cat