La liberté faite cheval
La liberté, cette idée qui nous fait tous rêver, on la voudrait pour soi, pour son voisin... et pour son cheval.
Mais qu'est-ce que la liberté faite cheval ?
Quelle liberté revendiquent nos amis équidés et quelle liberté pouvons-nous leur accorder ?
La liberté est un concept vague qui peut être découpé pour le cheval en deux « types de libertés » : la liberté physique et la liberté mentale.
Le plus souvent, c'est la liberté physique qui est énoncée en premier avec, comme idées sous-jacentes, la liberté de mouvement et l'absence d'entraves.
Et pourtant, cette liberté physique est celle que l'on refuse le plus aux chevaux. Pendant le travail, le cheval doit tourner, s'arrêter, accélérer... La finesse des harnachements et la discrétion des demandes ne donne aucune liberté supplémentaire au cheval. C'est souvent même l'inverse qui se produit. Pendant les présentations, la liberté physique que l'on exhibe ou que l'on vante n'est que pure illusion... et malheureusement cette illusion de liberté nécessite souvent une perte de liberté mentale.
La liberté mentale, c'est avoir le droit de s'exprimer et chez les chevaux, on ne parle pas pour ne rien dire ou dans le vide. Le cheval est un animal de troupeau, mais aussi une proie qui a appris à cacher ses souffrances physiques et psychiques. Il passe donc facilement de la communication au mutisme, surtout s'il vous considère comme un prédateur.
Cette liberté mentale, selon l'individu, peut être plus ou moins importante pour son bien-être. Certains chevaux peu communicatifs se contenteront de peu, d'autres sont très « bavards » et n'acceptent pas ceux qui ne savent pas les écouter.
Mais tous vous seront reconnaissants d'avoir un esprit ouvert et attentif à leurs souffrances psychiques : leurs doutes, leurs craintes, leurs joies, leurs peines...
Un petit test facile à réaliser : placez-vous aux côtés d'un cheval inconnu et commencez à lui parler. Il ne faudra pas deux minutes pour qu'il s'exprime : méfiance, gêne, curiosité...
Il faut noter que souvent les chevaux bavards sont jugés dangereux (peu fiables, agressifs, changeants, frimeurs...) quand ils ne sont pas entendus car pour eux, communiquer c'est vital, y compris par la force... Donc pour ceux qui fréquentent des chevaux agressifs, essayez de les laisser s'exprimer, cela diminue énormément les attaques et leur virulence. Mais attention, on parle de communication pas de monologue, il parle et vous répondez ! Dans quelques situations, les mots grossiers équins sont même de rigueur si vous voulez bien vous faire comprendre... Une fois la hargne lâchée, le cheval va se détendre et va changer progressivement de discours.
Un cheval libre, ça se voit dans ses muscles, dans son attitude faciale : la mâchoire, les muscles zygomatiques, les contours des yeux, le nez, les joues, l'auge... tout est totalement relâché, l'expression est calme, paisible... Les changements d'humeurs sont temporisés, discutés, évalués.
Au travail, maintenir la liberté mentale est pour le cavalier ou le dresseur un exercice très difficile, car cette liberté n'est possible que si l'on accepte les aléas qui vont avec (un cheval normal ou libre n'est pas une statue de cire). Un cheval qui travaille librement est donc une marque d'harmonie fiable qu'il faut rechercher dans le travail et ceci quelle que soit la demande.
C'est aussi un bon moyen de juger les relations homme-cheval lors d'une prestation ou d'une rencontre.
Enfin, c'est une garantie que le cheval vous demandera conseil ou vous lancera un « appel au secours » quand il n'ira pas bien. Vous obtenez ainsi un outil de diagnostic et une évaluation certaine de la souffrance...
Laisser la porte ouverte à la communication, c'est pour vous une chance et pour lui une source de joie.
Une photo de Cat et d'une jeune jument au travail... La décontraction est de mise.
A bientôt
Anne