Mes enfants, je les ai dans la peau !

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

On ne peut pas parler élevage sans s’intéresser peu ou prou à la biologie.. fut-elle humaine… et oui, même ça, c’est vous dire… !

Nous savons tous que lorsqu’on greffe un organe à une autre personne, le risque de rejet est grand, voire quasi certain sans médicaments.

Or, la mère héberge 9 mois un fœtus qui est forcément un organisme différent d’elle et la plupart du temps, heureusement, elle ne le détruit pas.

Pourquoi ?

Et bien parce que ce petit malin de fœtus possède l’arme absolue : des antigènes spéciaux qui bloquent l’action des cellules tueuses – de Dark Vador ? – Non,  du système immunitaire de la mère (Hein ! C’est aussi palpitant que la Guerre des Étoiles, n’est-ce pas ?).

Donc la mère voudrait bien détruire ce parasite mais elle est pieds et poings liés.

Cette arme, ce sont les HLA-G, comprenez les Human Leucocyte Antigen soit les antigènes des leucocytes humains liés à la grossesse dans la langue de Molière. Ouf ! Dit comme ça, c’est plus clair !

Mais ces HLA-G ont une autre fonction : ils permettraient aux cellules fœtales de migrer dans le sang et les tissus de la mère.

La mère deviendrait donc au sens biologique du terme une microchimère. Vous savez qu’une chimère est cette créature de la mythologie ayant une tête de lion, un corps de chèvre et une queue en tête de dragon. Et bien disons que la mère c’est une chèvre avec un poil de lion sur la tête et une dent de dragon sur la queue !

Plus sérieusement, le microchimérisme est la présence dans un organisme en faible concentration de cellules provenant d’un autre organisme et la grossesse est la principale circonstance où on a ce type de phénomène.

Un double trafic s’installe donc de part et d’autre de la frontière placentaire : de la mère vers le fœtus et du fœtus vers la mère, tout cela au nez et à la barbe des douaniers du système immunitaire.

On a retrouvé des cellules du bébé exprimant ce fameux HLA-G dans la peau de femmes enceintes et il y en a sans doute ailleurs dans l’organisme de la mère.

En outre, on a prouvé que ces cellules existent encore 27 ans après l’accouchement. Toute sa vie la maman conserve donc dans son corps des cellules de ses enfants !

Alors, oui réellement, vous pouvez dire : « mes enfants, je les ai dans la peau ! »

Merveilleux, vous ne trouvez pas ?

Catherine Kaeffer

Source (Carosella E.D., Rouas-Freiss N., 2011 Comment la mère tolère son fœtus. Pour la science, n° 410, décembre 2011). 

 

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MAJ mai 2023

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