Mettre un cheval ou un poney à la longe en gogue : la première fois
Petit rappel : On met en gogue un cheval ou un poney pour les raisons suivantes :
- Muscler et assouplir le dos d’un jeune cheval " dans le bon sens "
- Rééduquer un cheval qui travaille avec un dos creux ou un dos bloqué
- Permettre l’engagement des postérieurs en musclant les abdominaux (et oui, ce sont les muscles du ventre qui tirent les postérieurs vers l’avant !)
- Soigner ou prévenir les problèmes de dos
- Remettre un cheval au travail après une blessure.
Évidemment, en longe, on ne peut utiliser que le gogue indépendant.
Le gogue est un enrênement qui fait appel à l’intelligence du cheval. Nous en avons déjà évoqué le principe ici , je n’y reviendrai pas : Cela veut dire qu’il faut que le cheval ait bien compris comment cela marche... à défaut du cavalier.
Or, un cheval qui n’a jamais eu de gogue ignore tout de l’action sur la nuque. Il faut donc la lui expliquer.
Le cheval travaille en longe correctement au pas et au trot en restant sur sa trajectoire sans que le longeur ait besoin d’intervenir. Il doit aussi ralentir ou s’arrêter à la voix car si vous êtes obligé d’agir sur la longe pour ce faire, cela contrariera l’action du gogue.
15 minutes sans gogue. Au pas et au petit trot aux deux mains, dans le plus grand calme. Pas de galop. En effet, si le cheval a un dos creux et les postérieurs à 15 km, le galop en longe conduit à un cheval en désordre, chambrière au cul, qui s’emmêle les pinceaux et se couche sur son cercle… un bien mauvais début pour une séance où on privilégie concentration, calme et réflexion, vous ne trouvez pas ?
Une fois le cheval chaud, l’arrêter.
Ajuster le gogue pour qu’il y ait une légère action lorsque le cheval a la tête dans sa position habituelle. Mieux vaut en cas de doute, ajuster un peu lâche que trop serré pour cette séance d’initiation.
Se mettre en face de lui ou sur le côté. Mettre la main sur les deux cordelettes du gogue et appuyer doucement vers le bas. Maintenir la pression tant que le cheval ne baisse pas la tête. A la moindre descente, arrêter immédiatement et féliciter. Recommencer jusqu’à ce que le cheval comprenne qu’il peut à tout moment faire cesser l’action du gogue en baissant la tête. Recommencer la manœuvre suffisamment pour que le cheval descende la tête dès qu’il sent la plus légère traction.
Mettre le cheval au pas sur son cercle sans le pousser outre mesure pour le laisser apprivoiser le gogue et réfléchir. Au bout d’un moment, s’il ne comprend pas qu’en baissant la tête il se libère, l’arrêter et recommencer l’explication. Parfois à ce stade, le gogue se révèle trop lâche pour que son action soit bien perçue, dans ce cas le raccourcir d’un trou.
Il est normal que par moments, le cheval cherche à monter la tête pour échapper à l’action du gogue : il faut bien qu’il teste les possibilités qui s’offrent à lui. Le longeur doit rester serein et n’intervenir que si le cheval se braque.
Les défenses persistantes peuvent être dues à une incompréhension du cheval, nécessitant une nouvelle explication du mécanisme dans le calme.
Par contre, un cheval qui a compris et qui descend bien la tête pendant un moment, se remet à se défendre : il exprime alors un malaise.
Ce malaise est souvent dû à une séance trop longue pour les possibilités physiques du cheval. L’effort est trop important et ses muscles lui font mal. Il faut donc privilégier les séances courtes voire très courtes au début et ne pas faire plus d’une ou de deux séances par semaine. Si le cheval travaille tous les jours, ce qui est souhaitable, prévoir un travail décontractant et tranquille le lendemain avec un bon échauffement pour faire passer les courbatures (type ballade).
Notez qu’une séance même courte peut s’avérer trop longue pour tel cheval. Si vous avez un jour fait de la rééducation ou eu mal au dos, vous comprendrez aisément ce que je veux dire. Il vaut mieux 10 minutes correctes que 30 minutes en défense. En cas de problème, une règle d’or : fractionnez !
L’autre cause de défense est une allure trop soutenue. On entend souvent dire qu’il faut que le cheval ait un trot actif avec le gogue...
Oui, mais… au début, le trot est trop exigeant pour la plupart des chevaux. En effet, si vous avez décidé de mettre votre cheval en gogue un beau matin, ce n’est sûrement pas parce que les ficelles, cela fait joli mais bien pour régler un problème. En plus, au pas, pas d’impact sur les articulations, du temps pour vous pour intervenir en cas de besoin, un travail de la musculature tout en douceur et permettant l’élongation.
Prenons l’exemple d’un poney qui depuis 10 ans travaille avec un dos complètement bloqué. Il a développé des stratégies d’évitement pour pouvoir trotter sans jamais bouger le dos. Si vous le mettez au pas, sa stratégie marche beaucoup moins bien. En plus, il se défendra moins parce que même la tête en bas, il n’aura pas peur de tomber. Il ne se crispera pas et restera plus détendu. Vous pourrez à ce moment-là, progressivement, l’encourager à engager un peu plus les postérieurs, surtout le postérieur intérieur sur un muscle du dos détendu. Le stretching cela doit être progressif, même chez les chevaux !
Donc si vous rencontrez un problème de défense ou de trajectoire, c’est souvent que vous allez trop vite. Ralentissez ou passez à l’allure inférieure. Se hâter avec lenteur dit le vieil adage.
Au fil des séances vous pourrez aborder le trot mais en respectant bien le rythme propre à chaque cheval. Le but est d’obtenir un pas où les postérieurs vont chercher loin sous la masse et un trot où le cheval " rebondit " comme sur des ressorts… Paris ne s’est pas fait en un jour. Patience et persévérance.
Cat