Poulain ou concours, il faut choisir !
Malgré une gestion intensive et des techniques modernes, le taux de mise-bas des juments d’élevage dépasse rarement les 75 % contre 95 % dans les troupeaux sauvages.
Il semblerait, même si cela reste à confirmer, que cette différence soit due à la fois à des raisons éthologiques et à l’influence néfaste d’une importante activité physique sur les performances de reproduction.
Evidemment, cela pose un problème car ce sont les chevaux les plus doués sur le plan sportif qu’on voudrait bien voir se reproduire comme des lapins.
La combinaison sport et reproduction est plus aisée pour les étalons dont on peut congeler le sperme que pour les juments même si l’on a recours au transfert d’embryon pour éviter l’interruption de la carrière par la gestation.
Mais un animal n’est pas qu’une machine répondant à un taux d’hormones. Les conditions de vie, de logement, la gestion et le stress influent sur le comportement sexuel et la fertilité des animaux.
Ainsi le comportement de la jument qui est déterminant lors de l’accouplement dans les conditions naturelles est totalement nié en monte en main ou en insémination artificielle.
Pour les juments, le logement en boxe, les perturbations du rythme d’alimentation, l’absence de contacts sociaux, la présence de " tics ", s’accompagnent d’une diminution de la fertilité. L’absence de contact avec l’étalon serait la cause d’une durée des chaleurs plus importante.
Il est généralement conseillé d’éviter tout stress important comme le transport, le changement d’environnement ou la compétition 6 semaines après saillie ou insémination et pendant toute la période de récolte d’embryons.
D’autre part, même si c’est perçu comme " naturel ", pour un animal de sport, une mise au pré brutale est un facteur de stress important et il convient donc de l’effectuer très progressivement sur des mois ou même une année en conservant obligatoirement au début un travail régulier.
C’est dire si pour une jument allier maternité et réussite professionnelle, c’est carrément la quadrature du cercle !
Pour les étalons, il y a traditionnellement deux modes d’élevage : soit dans un troupeau, soit sans contact avec des juments, ni même avec d’autres étalons.
On ne répètera jamais assez qu’un cheval ne peut être équilibré sans contacts sociaux. Le logement des étalons à l’écart peut provoquer des perturbations des fonctions sexuelles voire un désintérêt pour la reproduction avec chute du taux de testostérone et diminution de la production de semence.
Les thérapies médicamenteuses, les aphrodisiaques divers semblent de peu d’utilité. Il suffit parfois simplement de permettre le contact avec des juments, éventuellement en le logeant dans la même écurie.
Si l’étalon est encore en activité sportive, il semblerait, même s’il y a des données un peu contradictoires, que cela ne soit pas favorable à la qualité du sperme.
Les chaleurs proviennent des hormones, c’est sûr, mais aussi des interactions entre l’étalon et la jument. Ainsi, la technique du soufflage utilisée pour détecter l’œstrus pourrait induire ou rendre plus visibles les chaleurs.
La simple présence de l’étalon provoquerait un changement de comportement sexuel, une tendance à une plus grande ouverture du col de l’utérus au moment de l’insémination et un taux de gestation plus élevé de 9 % lors de l’utilisation de semence fraîche ou réfrigérée.
N’oublions pas enfin que l’étalon comme la jument ont de nettes préférences individuelles. Un des cas le plus connu est celui du célèbre Goldophin Arabian qui s’est enfuit dans les bois avec la belle Roxana après avoir tué son rival.
Notez que si tous les poulains ont une carrière sportive au niveau de Lath, le fils de leurs amours illégitimes, tous les espoirs vous sont permis !
Cat
Bibliographie : Burger D., Baumgartner M., Meuwly C., Gerber V., Janett F., Vidament M. 2009. Comportement et reproduction : où en est-on ? 9e Journée Européenne AVEF Actualités en reproduction chez le cheval. 7 février 2009, Roissy, 15 p.