Prévention de l’Hyper Kaliémie Périodique Récidivante (HYPP) du Quater Horse : raisonner l’alimentation
La prévention de l’HYPP repose sur une alimentation pauvre en potassium.
En effet, comme vous l’a expliqué François dans son article, cette maladie d’origine génétique provoque des crises lors d’une augmentation incontrôlée de potassium dans le sang.
Un cheval de 500 kg à l’entretien a besoin de 25 g/jour de potassium. L’entraînement de type endurance, outre la sélection de fibres musculaires moins sensibles, a aussi l’avantage d’augmenter les besoins en potassium (39 g par jour pour un travail intense).
Plus généralement on peut estimer que les besoins en potassium sont satisfaits avec une ration usuelle comportant au moins 50 % de fourrages.
En effet, les fourrages sont riches en potassium. 21 g/kg pour de l’herbe déshydratée, 22,8 g/kg s’il s’agit de luzerne.
Pour l’herbe sur pied, lorsque le cheval est au pâturage, le taux de potassium est élevé dans tous les cas, mais devient très excessif dans les jeunes graminées en pousse très rapide surtout au printemps et est encore accru par les fumures potassiques.
Ce sont donc des chevaux dont il faudra limiter l’accès au pâturage surtout au printemps et éventuellement dans certaines régions pour les repousses d’automne si elles sont importantes. Il vaut mieux pour eux manger l’herbe d’été et l’herbe vieillie.
Pour le foin, choisissez plutôt un 1er cycle épié ou un foin d’herbe bien avancé. Renseignez-vous pour savoir quelles ont été les fumures et ainsi éviter tout apport de potasse.
Une analyse de votre herbe et de votre sol s’impose (surtout en Alsace) pour connaître son taux de potasse. Cela peut parfois varier considérablement d’un pré à l’autre. Profitez-en pour faire une analyse de l'eau, cela peut révèler quelques surprises.
Pour les autres aliments, il faut éviter les graines de légumineuses (10 g/kg), le son de blé (12,3 g/kg), les tourteaux en général (lin 10,3 g/kg) mais surtout de soja (21,1 g/kg) et à plus forte raison la mélasse même en faible quantité (39,6 g/kg).
Par contre les céréales quelles qu’elles soient (entre 3 et 5 g/kg) et les pulpes de betteraves (déshydratés 1,8 g/kg) sont recommandées. Comme source de fibres, la paille (9,4 g/kg) peut être utilisée en complément de la pulpe de betterave.
Bref, on en arrive à une ration tout à fait atypique contenant des fourrages certes mais pas à volonté, de l’herbe pâturée limitée elle aussi. L’élevage traditionnel de ce type de chevaux, en plein air intégral, ne convient pas pour les chevaux atteints de cette maladie.
Comme ils doivent marcher le plus possible, on en arrive soit au paddock soit à mettre le cheval au pré après fauche ou pâturage par d’autres animaux ou alors sur herbe déjà vieille. Les fourrages doivent être complétés par de la paille, de la pulpe de betterave et des céréales.
L’utilisation de granulés ou de floconnés industriels est délicate car ils ne doivent contenir ni luzerne, ni tourteau, ni mélasse… pas facile.
On peut aussi saler la ration puisque cet apport a notamment pour effet d’augmenter les pertes urinaires de potassium.
Et évidemment le fractionnement de la ration au cours de la journée.
Bref, un régime strict et un peu délicat à équilibrer, nécessitant un calcul de la ration précis incluant l’apport en potassium. Mais avec l’entraînement, cela constitue la méthode la plus fiable pour limiter les crises et permettre au cheval de vivre normalement.
A bientôt.
Cat