Quelles sont les différences entre un foin et une paille ?
Produits omniprésents dans toutes les écuries ou presque, le foin et la paille font partie du quotidien des chevaux, des poneys, des ânes mais aussi des veaux, vaches, cochons, couvées… quoique pour cochons et couvées, c’est uniquement de la paille… et encore pas pour les jeunes couvées.
Mais quelle est la différence ? Ben, la paille c’est jaune et le foin c’est vert…
Ah non, c’est un peu court jeune homme !
Donc Techniques d’élevage a décidé de faire le point sur cette question basique !
La paille, c’est la tige d’une céréale (blé, orge, avoine, seigle). Bref, une plante annuelle.
Elle commence par faire des feuilles, puis l’épi se forme en haut d’une tige.
La formation de l’épi nécessite toute l’énergie de la plante.
Les feuilles régressent et si on ne moissonne pas, les graines sont dispersées et la plante meurt.
Voici un dessin d’un blé :
Traditionnellement, on récoltait d’abord l’épi (trait de coupe du haut), qu’on battait ensuite pour récupérer le grain. Puis on récoltait la paille (coupe au niveau du trait du bas), qu’on laissait sécher au champ puis qu’on mettait en botte. Il restait sur le champ le chaume (partie basse de la tige + racines) qu’on brûlait ou qu’on broyait et enfouissait.
Aujourd’hui, on fait souvent une seule opération ce qui fait qu’on retrouve l’épi vidé de ses grains mais avec glumes et glumelles dans la paille. Ce qui d’ailleurs ne change pas grand chose au niveau nutritionnel.
Pour résumer, la paille, c’est une tige dont le seul rôle est de soutenir l’épi, de transporter la sève et de résister au vent et à la pluie.
Pas d’énergie perdue, elle est creuse. Comme elle doit porter, elle est riche en tissus de soutien donc cellulose et lignine. Elle est recouverte de cires (c’est ce qui fait que la paille brille) pour être moins sensible aux maladies.
Donc visuellement, une paille c’est de larges tiges plates (parce que compressées), jaunes luisantes avec un intérieur un peu duveteux blanc.
Tout le bon est dans le grain qui est l’organe de réserve. Ainsi la paille de blé (la plus utilisée) est à 42 % de cellulose brute alors que le grain du même blé est à 26 %.
Beaucoup de cellulose (et des cires par dessus le marché), c’est une mauvaise digestibilité de la matière organique : la paille est digestible à 35 % seulement alors que le grain monte à 88 %.
Et encore, ça c’est pour l’énergie parce que question matières azotées, quelle que soit la paille, c’est simple c’est 0 ! Rien ! Que dalle !
Donc, question nutrition, ce n’est pas génial, c’est le moins que l’on puisse dire.
Pour améliorer, on peut la traiter à l’ammoniac ou à la soude ce qui permet d’avoir une meilleure digestibilité.
Par extension, on parle de paille de pois ou de paille de maïs mais évidemment là c’est une toute autre structure au niveau du végétal et cela n’a donc rien à voir avec ce qu’on appelle communément la paille.
Passons au foin maintenant.
Le foin, c’est de l’herbe séchée. Qui dit herbe dit le plus souvent graminées prairiales c’est-à-dire des graminées de prairie : beaucoup de feuilles et un petit épi. Le classique, c’est le ray-grass. Mais vous avez aussi le dactyle, la fléole, la fétuque…
Deux solutions : soit le pré a été semé, soit il est naturel. S’il a été semé, il peut être un mélange mais le plus souvent, c’est une espèce. C’est ainsi que vous trouverez sur le marché du foin de ray-grass.
S’il est naturel, tout dépend de la composition floristique du pré. Notez qu’on peut améliorer une pairie en l’ensemençant de temps en temps avec un mélange. Mais, dans ce cas, on se rapproche beaucoup d’une prairie naturelle, surtout au fil des années.
Donc nous avons une graminée fourragère.
Elle va germer, émettre des feuilles qui feront les synthèses, puis un épi. Un peu avant l’épiaison, il va y avoir la première exploitation : fauche ou pâturage. L’épi va donc être coupé (ou mangé) ainsi que les feuilles suffisamment grandes. C’est le premier cycle, un cycle reproductif.
Mais ensuite, la plante ne meurt pas, elle continue à pousser. Ce sont des cycles végétatifs. Elle produit donc des feuilles, elle synthétise, elle construit.
Les feuilles, c’est souple, cela ne porte rien. Donc peu de tissu de soutien, donc peu de cellulose et encore moins de lignine… donc une bonne digestibilité. Et les quelques tiges ont bien un rôle de soutien mais rien à voir, vous en conviendrez avec la rigidité nécessaire à une tige de blé quand l’épi se fait chahuter.
On compte que dans une saison on fait 4-5 cycles.
Si la plante est pluriannuelle, un nouvel épi se formera au printemps suivant.
Donc visuellement, un foin, ce sont des tiges fines, des petites feuilles toutes plates. Celles qui sont en activité sont vertes, mais il peut y avoir d’anciennes feuilles brunes. S’il y a un épi, c’est soit qu’on a affaire à un premier cycle, soit qu’il s’agit d’un épi qui n’a pas été sectionné lors du premier cycle.
Peu de tissus de soutien (environ 30 % de cellulose brute), donc une bonne digestibilité de la matière organique (de l’ordre de 60 %) et une teneur en matières azotées qui est d’autant plus importante que la proportion de feuille est élevée (53 g par kg pour un foin de ray-grass anglais, 2e cycle).
A noter que les foins peuvent contenir ou être exclusivement constitués de légumineuses comme le trèfle et la luzerne. Ce sont alors des foins tout à fait particuliers.
En effet, lorsque vous voyez sur un sac d’aliment : « Distribuez du foin à volonté », il ne s’agit JAMAIS de ce type de foin mais d’un foin de pré (qui peuvent contenir du trèfle en faible proportion) ou de graminées.
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