Soulager ou travailler un postérieur avec des barres au sol

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Oméga

Les barres au sol ont de multiples utilisations et notamment peuvent servir à l'éducation d'un jeune cheval ou à la rééducation d'un adulte après un traumatisme ou une pathologie. Techniques d'élevage fait le point.

Travailler avec des barres par terre est un grand classique. Les barres d'obstacle sont posées au sol à une foulée, le cheval doit les passer avec aisance.

Et dans le cas d’un cheval marchant droit, les barres sont toujours strictement parallèles… toujours ? Non !

Parfois, en y regardant bien, on note un petit angle qui rend les barres légèrement obliques par rapport au trajet du cheval. Erreur de pose ? Reste d'un coup donné par le cheval ?... Et si c'était plus simple que ça ?

Pour bien comprendre ce qui se passe, examinons les membres du cheval.

Un antérieur qui se lève fait une courbe en cloche et attaque le sol en talon. Le placement de la barre au cœur de la cloche tant qu'il reste raisonnable ne pose donc pas de problème particulier.

Un postérieur se « déroule » en commençant un peu comme un antérieur en moins prononcé puis en « s'écrasant » vers l'avant. Il attaque le sol en pince. Il n’y a que dans le cas d’un cheval très manégé que la souplesse des articulations des postérieurs permet de retrouver une forme de cloche. Le placement de la barre doit donc être beaucoup plus précis pour ne pas influencer le mouvement du postérieur.

Un petit schéma pour y voir plus clair :

 

diagramme des trajets de l'antérieur et du postérieur au dessus d'une barre d'obstacle au sol - copyright : techniques d'élevage

Le cas de l'antérieur se passe de commentaires... mais pour le postérieur ?

La barre B1 et la barre B5 nécessitent un travail supplémentaire au cheval pour être passées en souplesse, soit en montant plus fort au départ, soit en contrôlant la descente du postérieur pour éviter de toucher les barres.

Ces deux positions ne sont pas « naturelles » et sont souvent provoquées de façon volontaire par les cavaliers pour travailler la souplesse et la musculation de leur monture.

Si vous avez l'habitude de travailler sur barres par terre, vous pourrez constater que beaucoup de chevaux touchent plus les barres dans la phase descendante du postérieur... c'est en effet, plus difficile de contrôler la courbe et l'étirement progressif du jarret que la rapidité dans la levée du postérieur.

Mais jusqu'à maintenant, nous avons supposé que les deux postérieurs étaient égaux en capacité et en performance... mais si ce n'était pas le cas ?

Prenons l'exemple d'un postérieur qui a du mal à se lever : raideur du jarret, douleur au lever, douleur à l'appui du postérieur opposé...

Dans tous ces cas, le cheval va lever le membre problématique au minimum et entamer la descente que nous avons vu juste avant. En outre, il ne poussera pas dessus avec la même vigueur que pour l’autre.

La zone où la barre pourra se loger sans demander d'effort au cheval est alors encore plus réduite.

Mais avez-vous déjà bien observé un membre postérieur en difficulté ? Le cheval n'a alors pas exactement le même mouvement.

Le postérieur problématique se lève de façon légèrement plus verticale par compensation du grasset qui effectue un mouvement plus prononcé lors de la montée. Une particularité qui influence la courbe que décrit le membre comme vous pouvez le voir sur le prochain schéma (courbe rose).

Comparons les deux courbes des postérieurs facile et problématique (respectivement courbe bleue et rose).

diagramme des trajets d'un postérieur sain et d'un postérieur atteint au dessus d'une barre d'obstacle au sol - copyright : techniques d'élevage 

On peut voir que la seule position qui permet au cheval de passer son postérieur problématique facilement la barre est la position B1. Une position qui nécessite une adaptation du cheval pour le postérieur facile.

On se retrouve dès lors face à un dilemme : quel postérieur prendre comme référence pour placer sa barre ?

Comment peut-on s'assurer que le cheval aura toujours la barre en position B1 sachant que naturellement, sa foulée fait qu'il ne passe pas les barres ainsi ?

Est-il souhaitable de faire davantage travailler le grasset du postérieur sain au risque de déformer la mobilité normale du cheval ?

Peut-on laisser le cheval taper dans la barre au risque de se faire mal ou de se dégoûter ?

Reprenons les données du problème :

La position de la barre doit être en avance sur le postérieur problématique par rapport à celle du postérieur facile.

La barre doit donc être légèrement oblique face au trajet du cheval.

Mais de combien me direz-vous ? 10, 20, 30 degrés ?

Tout dépend du cheval, de sa foulée, du déroulement de celle-ci et du problème considéré.

Mais dans un premier temps mettez un angle de 20 degrés vers le postérieur atteint d'une foulée plus réduite et faites passer votre cheval au pas.

Si vous l'entendez taper avec le postérieur, identifiez la phase du déroulement où le touché s'est fait.

Phase montante ? On met la barre plus droite.

Phase descendante ? On met la barre plus inclinée.

Une fois le réglage fait, vous pouvez passer les barres dans les deux sens au pas et au trot (attention le galop n'ayant pas le même poser de membres, les barres inclinées ne sont d'aucune utilité).

Avec vos barres de travers vous pouvez donc soulager, rééduquer, muscler et assouplir un postérieur de façon spécifique et sans risque. C’est particulièrement utile pour les vieux chevaux ou les chevaux qui relèvent de blessure pour la reprise progressive du travail.

Évidemment, le but est petit à petit de rendre le cheval plus symétrique en ramenant progressivement la barre droite mais cela permet de faire travailler le cheval avant qu’il ait récupéré des capacités identiques sur les deux postérieurs, ou de continuer à travailler un cheval qui pour une raison ou pour une autre, ne les récupèrera jamais.

Et si vous avez comme moi des idées de faire réfléchir votre cheval vous pouvez travailler sa coordination et son adaptation au terrain en variant les angles entre les barres successives. Je vous conseille alors de ne pas excéder 20 degrés d'angle et de laisser au cheval une foulée entre chaque barre pour se remettre droit.

Remarque : si vous passez des barres au sol dans un tournant, tenez compte de la courbe pour calculer vos angles.

Anne Anta

Les éditions Alpha et Oméga créées par notre équipe de Techniques d'Elevage
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MAJ août 2023

Cheval au travail sur des barres par terre. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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