Deuxième étape de l'examen neurologique vétérinaire à l'usage des propriétaires
Cet article fait suite aux trois articles déjà parus nommés : Introduction / Principes de base / Étape 1
Étape 2 : Mouvements et équilibre
Pour cette étape, nous allons dans un premier temps préparer le terrain.
Celui-ci doit être souple sans être mou, il ne doit pas glisser et doit être le plus plat possible. Et comme pour l'étape précédente, il ne devra pas être nouveau pour un diagnostic sûr.
Un tapis est idéal pour les petits animaux tels que le chien, le chat ou le furet. Celui-ci devra être large et ne pas glisser sur le sol. Ôtez tous les éléments qui pourraient gêner la progression de l'animal.
Méfiez-vous des griffes des tout petits animaux (chinchilla, hamster, rat, souris) qui peuvent influencer le diagnostic en se prenant dans les fils. Préférez un autre support comme les tapis de bain en plastique striés antidérapant ou la terre battue.
Pour les grands animaux (chevaux, poneys, ânes, chèvres, moutons, bovins...), on évitera autant que possible le macadam qui est très glissant. Une pelouse rase (pour ne pas dissimuler des symptômes), une terre battue plane ou une carrière au sol plutôt ferme seront plus adaptées.
Deux personnes sont nécessaires pour ces tests : un meneur et un observateur. Le propriétaire rassurera l'animal en étant le meneur et un regard extérieur sera plus à même de déceler le problème. Néanmoins l'inverse peut aussi s'envisager.
L'animal sera amené par le meneur en laisse ou en longe (selon l'animal) et mené de telle manière à effectuer au pas normal des lignes droites et des tournants dans les deux sens.
Le principe étant de juger des mouvements et de l'équilibre de l'animal, le meneur ne devra pas interférer en tirant, en poussant ou en tolérant un appui de l'animal sur lui.
Pour faciliter le travail de l'observateur, le meneur devra faire passer l'animal sucessivement en étant légèrement en retard par rapport à celui-ci, en étant devant celui-ci et en étant à l'épaule. Ces trois positions donneront à l'observateur la possibilité de savoir ce qui vient de la façon de mener et ce qui vient de l'animal lui-même.
Une fois que l'on aura obtenu tout cela au pas normal, on demandera exactement la même chose à un pas lent. La décomposition du mouvement, la concentration requise pour l'animal feront que les observations s'en retrouveront plus précises.
Le trot est parfois utile chez les équidés pour affiner l'observation critique. Il n'est néanmoins pas obligatoire et est souvent moins efficace qu'un pas lent.
L'animal sera mené en étant à main droite et à main gauche selon les besoins. Je vous conseille de tester les deux pour ne pas influencer l'observateur.
Tout au long du mouvement, l'observateur sera libre de se déplacer. C'est pourquoi, il est souvent conseillé que cette place ne soit pas attribuée au propriétaire que l'animal pourrait suivre du regard. De plus, certains détails pourraient être omis à cause de l'habitude dans le relevé des observations.
Trois angles sont utiles : de face, de profil et de derrière. Chaque angle a ses avantages et ses inconvénients. N'oubliez pas qu'un animal a deux profils : gauche et droit. Pensez à vous vider l'esprit à chaque fois et à ne pas calquer vos observation au détriment de la réalité.
N'allez pas tout de suite au problème : si un animal boite d'un postérieur, il ne faut pas se concentrer uniquement sur la patte blessée mais bien tout regarder et tout noter... la réponse est peut-être dans un déplacement de la colonne vertébrale ou une douleur au ventre.
Le port d'encolure, les mouvements de tête, la position, la flexion et l'extension des membres, la position de la queue, l'orientation des oreilles, un éventuel tremblement, les mouvements des yeux... sont autant de détails qu'il faudra noter et observer.
Prendre une vidéo selon les 3 angles est une démarche qui peut se révéler très utile mais rappelez-vous qu'il faut tout prendre... y compris le meneur, car si celui-ci fait un geste déplacé, l'animal aura une réaction déplacée.
Les petits animaux pourront être partiellement soulevés pour vérifier le fonctionnement de chaque membre. La prise en main de la tête avec un mouvement de celle-ci est aussi indispensable pour vérifier l'orientation oculaire.
L'ensemble des notes et des vidéos sont ensuite regardées et analysées avec le propriétaire. Ce qu'il faut, c'est déterminer ce qui fait partie du quotidien et ce qui est nouveau. En d'autres termes, l'inné et l'acquis.
Si le problème qui amène à consulter a une date d'apparition (qui n'est pas celle de la naissance), c'est de l'acquis, l'habitus sera donc ôté du diagnostic (mais les notes resteront au cas où). Si le problème n'a pas de date, cela peut être de l'inné, dans ce cas l'habitus devra aussi être passé au peigne fin.
Prenez garde aux chiots, chatons et autres animaux immatures à la naissance sur certains aspects... un chiot sourd peut l'être depuis toujours mais ce n'est que quand il sera sensé entendre que le problème sera détecté.
Attention à vos notes car elles influencent beaucoup la vision des choses.
Un chat se déplace dans la pièce et ne pose jamais sa patte gauche au sol... vous notez « il ne peut pas poser la patte gauche au sol » ou « il ne veut pas poser sa patte gauche au sol ». Dans le premier cas, il y aura en jeu notamment un problème moteur ou mécanique (la patte ne peut pas descendre jusqu'au sol). Dans le deuxième cas, il y aura une possibilité de douleur, de sensibilité ou de souvenir (le chat ne veut pas). Pour ne pas influencer, on se contentera donc des faits : « la patte ne touche pas le sol ».
Des cas courants, la parésie et l'ataxie.
La parésie, ce n'est pas qu'une faiblesse, c'est une déficience dans la génération d'un mouvement ou dans la capacité à supporter du poids. Ce qui inclut deux types de parésie, avec une atteinte de deux types de moto-neurones différents, l'un gère la capacité à supporter le poids, l'autre aide à effectuer un mouvement.
Quand la parésie atteint les deux membres postérieurs l'animal se déplace le plus souvent en usant des deux en même temps ce qui donne l'impression que l'animal se déplace en « bonds de lapin » ou « bunny hopping ».
L'ataxie, c'est l'incoordination. Il en existe 3 formes.
l'ataxie liée à une absence de transmission de l'information sur l'emplacement d'une partie du corps (tête, patte...) ou sa position spatiale, les lésions sont généralement bilatérales, pour les membres on observe des hyperflexions, des mouvements plus amples, des déviations latérales (vers l'extérieur ou vers l'intérieur), un membre qui se pose sur sa face dorsale...
l'ataxie par perte d'orientation, l'information du placement se transmet bien mais l'orientation est mauvaise : les yeux ne suivent pas le mouvement de la tête, les membres ne tournent pas avec le corps, les postérieurs tournent sans les antérieurs, les chutes sont fréquentes mais souvent toujours sur le même côté, la tête est penchée. Bander les yeux entraîne une augmentation des symptômes dans ce type d'ataxie.
l'ataxie cérébelleuse se traduit par des mouvements brusques liée à une soudaine activité des moto-neurones sous forme d'impulsions amenant à l'hyperflexion. Chez les chevaux, l'hyperflexion ou les mouvements brutaux peuvent ne pas être observés car cette ataxie prend alors la forme de contractions brutales des muscles antagonistes, le cheval est alors brusquement raide (le membre par exemple est en extension raide), on aura alors des symptômes qui ressemblent à ceux de l'ataxie par perte d'orientation.
Le cas particulier de l'ataxie liée l'atteinte de la colonne vertébrale sera traité dans un prochain article.
A bientôt,
Anne ANTA